Ce matin, baguenaudant chez Zvedo, je lis ce billet qui voudrait que Gv ait traité de « pathétique » la tenue d'un blog. (Gv dément vigoureusement).

Rentrant de mon déjeuner hebdomadaire trop arrosé avec Paul Rivière (j'ai décidé finalement de lui donner un pseudo), j'écris cette note mélancolique qui vous fera comprendre
1/ que je ne tiens pas l'alcool
2/ pourquoi je ne voulais pas ouvrir de blog.

Tenir un blog est pathétique quand/si cela consiste à envoyer au monde entier une lettre qui ne devrait être destinée qu'à un seul, mais que ce « un seul », on ne l'a pas sous la main, ou plus triste encore, qu'on le connaît sans avoir jamais osé le lui avouer, ou encore plus triste, qu'on le connaît, mais qu'on doute (euphémisme pour : être sûr) que nos billets, ces lettres quotidiennes, pourraient faire autre chose que l'ennuyer: «notre âme à coté du papier»1 ne l'intéresse pas (laissons de côté le cas diabolique mais non moins douloureux où l'on en profite pour écrire à qui ne vous lirait pas autrement (la logique de l'épuisement des possibles sera ma perte)).
Alors on écrit un billet dans un blog, on envoie une bouteille à la mer, en se disant que peut-être, dans l'infini des possibles, une personne le lira et le comprendra, tant est longue notre solitude et non désespérable notre besoin de consolation2.

Entre pari de Pascal et nouvelle de Borges.

Je crée de ce pas une rubrique « Paul Rivière » et une rubrique « réflexions méta-bloguiennes », car il me semble que le blog, et internet en général, méritent bien que l'on s'arrête pour réfléchir au manque ou au besoin (et à l'apport) en jeu à cet endroit précis de la condition humaine.



1 : cf. Cyrano de Bergerac, cf Matoo.

2 : Stig Dagerman