J'ai tendance à dire un petit peu trop ce que je pense (trop vite, trop tôt, problème de timing davantage que de fond (parce qu'après tout, le fond, hein, autant savoir à quoi s'en tenir)), et je suis heureuse d'avoir des amies qui me battent sur ce terrain.

J'aime beaucoup le très sobre «Non merci, je ne bois que de l'excellent vin» de A., refusant par ces mots un verre lors d'un dîner chez des amis. (Elle voulait dire, bien sûr, qu'elle ne faisait d'exception à sa sobriété coutumière que si une bouteille rare attisait sa curiosité.)

Le récit de Matoo m'a rappelé Florence. Nous avons quelques années d'écart, et tandis qu'elle passait ses premiers entretiens d'embauche, j'avais déjà un peu d'expérience et savais que lorsqu'on a vraiment besoin de travailler, il vaut mieux fermer sa gu…

Elle avait passé plusieurs entretiens dans de grandes banques pour travailler à l'international, et elle jugeait froidement les méthodes quelquefois puériles des recruteurs. Ce jugement, elle l'exprimait devant moi, mais également en entretien, ce qui était plus risqué.
Un jour, elle s'emballa devant un recruteur :
— Tout de même, ces tests, c'est n'importe quoi! De la graphologie à l'astrologie, les entreprises ne savent plus quoi inventer. Il y a même une banque — c'est arrivé à une amie — qui demande de raconter la vie d'une gomme !
— Oui, Mademoiselle, c'est nous, et j'allais vous le demander, répondit le recruteur penaud.