Parc de la Villette, mardi 24 juillet.

A la fin de la projection, j'ai réalisé que cela faisait longtemps que je n'avais pas vu un vrai film, un film qui ne soit ni gentil, ni joli, ni d'action, ni..., un film qui ne soit pas là pour faire plaisir, au réalisateur ou au spectateur, un film qui appartienne à tout ce qu'on veut sauf à la catégorie divertissement.

J'ai trouvé une critique avec laquelle je suis globalement d'accord, je la mets donc en lien ce qui m'évite de la paraphraser en la dénaturant: ici.

Le titre dit toute la vérité: les personnages sont affreux, sales et méchants. Que fait un spectateur confronté à des personnages affreux, sales et méchants? Il ne peut pas s'apitoyer (ils sont méchants), il ne peut pas condamner (la société ne leur a pas fait de cadeau, ils ne sont pas totalement responsables), il ne peut pas s'identifier (nous ne vivons pas dans des bidonvilles, nous qui allons au cinéma).
Alors le spectateur regarde, il écoute, il comprend parfois et partage quelques réactions, il rit, il est pétrifié d'horreur, il n'entrevoit pas vraiment d'avenir, le temps est immobile, dans la crasse et la lubricité.

Ce film tient magiquement en équilibre, il ne cherche pas à démontrer, il se contente de montrer. La misère, la crasse, la méchanceté, provoquent un sentiment de malaise et ce malaise se double d'un autre, celui de se rendre compte qu'on a envie de rire, qu'on rit, devant tant de bêtise, de roublardise, de ruse, d'obscénité comique dans son insistance. On voudrait croire qu'il s'agit d'une farce, d'une caricature, mais l'accumulation de détails, "de petits faits vrais", éloigne cette explication rassurante: il s'agit bien d'une vie possible. La mise en fiction est d'ailleurs minimale, tout le début du film n'est qu'une succession d'actes quotidiens qui ne constituent pas un récit, simplement la vie qui passe, puis prennent forme quelques anecdotes, quelques scènes, car il faut bien raconter quelque chose: la rencontre de Sybelle, le baptême, la vieille qui touche sa pension, la tentative d'assassinat, autant de scènes qui ne mènent nulle part.
La dernière scène se clôt sur la première, il n'y a pas d'issue, et la fillette du début, maintenant enceinte, vient prendre sa place dans le cirque infernal.