La démocratie, condition de la piraterie

Dans une étude très originale, Peter T. Leeson décrypte les relations de pouvoir dans les bateaux pirates. Une gouvernance d'entreprise particulièrement démocratique!

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Des principes démocratiques. Comment faire travailler des hommes d'équipage aussi nombreux et violents en bonne intelligence? Sur les bateaux commerciaux et les bateaux militaires, la solution était autocratique : le capitaine avait toute autorité et l'exerçait le plus souvent de manière tyrannique. Y compris pour son profit personnel, rognant par exemple sur les provisions distribuées afin de pouvoir les vendre plus tard. Des comportements qui faisaient fuir une partie des équipages vers... les bateaux pirates. Car il y régnait une répartition des pouvoirs bien différente, aux principes démocratiques avérés.

Si le capitaine a toute autorité pendant les batailles, son pouvoir de dirigeant est sévèrement encadré. Il lui faut d'abord, pour devenir capitaine, être élu à la majorité des suffrages des marins et savoir au fil du temps conserver leur confiance. Les témoignages abondent de capitaines déposés par leur équipage pour cause de mauvaise gestion des batailles, des hommes ou pour couardise. Le capitaine ne dispose, par ailleurs, d'aucun privilège particulier: ses provisions et sa rémunération ne sont guère plus élevées que celles du reste de l'équipage.

Des constitutions pour garde-fous. De plus, contrairement à la marine traditionnelle, le capitaine est loin de concentrer tous les pouvoirs. Il doit partager ses prérogatives avec un quartier-maître, élu également. Celui-ci est chargé de la distribution des provisions, du partage du butin et de la résolution des conflits entre marins. Les quartiers-maîtres pouvaient être choisis comme capitaines ; ils avaient donc tout intérêt à bien exercer leur fonction. Néanmoins, leurs pouvoirs de décision sont encadrés par des «constitutions» écrites dont le contenu est, là encore, défini de manière consensuelle; par les marins. Celles-ci fixent les règles de répartition des bénéfices et le montant des bonus pour les pirates les plus méritants, elles listent les comportements inacceptables (bagarres, jeux...), définissent les conditions d'indemnisation en cas d'accident du travail (500 pièces pour la perte du bras gauche, 600 pour le bras droit, etc.) et établissent la sévérité des punitions en cas d'infraction au code commun, le vol d'un autre pirate étant considéré comme la plus infamante. Les marins circulant entre les bateaux pirates, tous ont adopté le même genre de constitution afin de limiter le pouvoir discrétionnaire du quartier-maître. [...]

extrait d'une note de lecture de Christian Chavagneux parue dans Alternatives économiques d'octobre 2007.

Le travail de Peter Leeson est disponible en ligne : An-Arrgh-Chy: The Law and Economies of Pirate Organization.

Ayaan Hirsi Ali et Peter Leeson

Le blog d'Ayaan Hirsi Ali, l'ex-députée hollandaise dans une situation pire que celle de Salman Rushdie, puisque son propre pays ne veut pas assurer sa protection.
En étudiant le sujet hier, j'ai découvert que le maire de Bruxelles avait interdit une manifestation qui souhaitait une minute de silence le 11 septembre "afin de ne pas embarrasser la population musulmane de la ville". Le maire n'était pas sûr de pouvoir assurer la sécurité des manifestants, a-t-il argumenté (ce qui n'est déjà plus la même chose que "ne pas embarrasser la population musulmane").

Dans un autre genre et sans rapport : le site d'un économiste anarchiste.

Et pendant que j'y suis à inaugurer cette nouvelle rubrique, j'en profite pour rappeler que Rémi a déménagé de Prague à Dubaï. Cette mésaventure m'a bien fait rire.

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Mise à jour le 3 juillet 2014: la page d'Ayaan Hirsi Ali.
Concernant Rémi (Diligent), il est désormais plus actif sur Facebook que sur son blog.
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