Bizarrement, l'ennemi numéro 1 de mon blog serait plutôt le désœuvrement: autant dans un esprit de pure contradiction j'arrive toujours à l'alimenter lorsque j'ai mille choses plus urgentes à faire, autant je ne sais plus quoi écrire dès que j'ai du temps.
Or j'en ai.
J'ai si bien délégué en cette rentrée que je dois avoir gagné huit heures par semaine, destinées à l'origine à un projet plus personnel. Mais tout ce temps "libre" me donne le vertige et je n'en fais rien, je ne sais pas comment commencer.
Alors je range. On ne chante pas assez les vertus tentatrices du rangement: cela occupe les mains, peu l'esprit et donne bonne conscience. Surtout, c'est une tâche quasi infinie puisqu'elle s'auto-génère.

Pendant qu'on range, on peut penser à autre chose, par exemple se demander si ce blog n'est pas trop incohérent dans ses destinataires/destinations: d'une part destiné à être gougueulisé avec ses longs passages "fiches de lecture de quatrième" (il faut bien compenser la démission de certains (et quand un blogueur[1] vous aborde en vous faisant remarquer les décorations corinthiennes d'un immeuble hausmannien sur deux étages, vous vous dites qu'il n'y a plus le choix: arrêter ce genre de billets ou les poursuivre jusqu'à l'indigestion)), d'autre part destiné à quelques amis à qui je donne ainsi quelques nouvelles (et donc ne concernant pas les internautes de passage), sans compter les billets que je remplis de ce que j'ai vu ou lu afin de me servir de ce blog comme d'un index personnel.
"Tu gamberges trop", me disait René.

Dimanche soir, j'ai regardé La mort dans la peau, le deuxième film de la série donc, après avoir vu le troisième, La vengeance dans la peau, intriguée par ce billet. (La semaine précédente, je m'étais endormie avant la fin du premier, La mémoire dans la peau.)
De film en film l'action s'accélère; c'est dans le deux que se fait la transition vers toujours davantage d'ellipses; dans le troisième on arrive en pleine vitesse. J'aime beaucoup les films "à suivre" qui sont pensés ensemble dès l'origine tout en restant compréhensibles indépendamment les uns les autres. Il ne me reste plus qu'à revoir le troisième, puis le deuxième, puis le premier, afin de suivre le maillage des renvois entre les trois. J'ai le soupçon que certains points de la chronologie sont indécidables, comme si tout était déjà là, ce qui est bien le moins concernant les aventures d'un amnésique.

Notes

[1] J'en profite pour signaler à ce blogueur qui s'étonnait du pointillisme de certains la date du 14 juillet 1884.