Je reprochais à H. de ne pas lire mon blog.
— Ton blog me fait de la peine, m'a-t-il répondu.
Il a raison, mon blog lui fait sans doute de la peine, de ce que j'écris qu'il ne sait pas ou de ce qu'il sait qu'il préfèrerait que je n'écrivisse pas.

H. me fait de la peine.
Il me fait de la peine quand lisant un article que j'ai écrit pour une revue universitaire il me dit avec chaleur :«Je ne savais pas que tu écrivais aussi bien» (1/ envie de meurtre (car qui sinon lui devrait le savoir?) 2/ a-t-il vraiment les moyens (le niveau) d'en juger? 3/ l'aurait-il pensé/dit si je n'avais reçu les éloges des lecteurs chargés de sélectionner les articles pour leur revue?)

Il me fait de la peine quand découvrant avec émerveillement le dernier Camus je le lui donne à feuilleter («Regarde!») et que je m'aperçois trois jours plus tard qu'il a bien regardé les photos comme je le lui enjoignais, mais sans même avoir la curiosité de regarder qui était l'auteur ni s'apercevoir qu'il s'agissait de la Grande-Bretagne. Comment mieux témoigner son indifférence?

Je m'en fous, je me suis inscrite à Cerisy.