C'est fou ce que les gens ne vous croient pas.

J'ai remis mon CV en ligne. En fait je déteste ça, je ne suis contactée que pour faire ce que j'ai déjà fait (normal), or je voudrais changer, au moins à la marge. J'ai remis mon CV en ligne simplement pour rassurer (peut-être) les boîtes chez lesquelles je postule (avec circonspection).

Inévitablement, je me fais à nouveau contacter par des sociétés de consulting: je confirme, le marché du travail est tendu dans certains métiers.

— C'est pour du consulting? Hmm, je ne voudrais pas vous décevoir, mais nous sommes parvenus à la conclusion que je n'étais pas faite pour ça.
— Que voulez-vous dire? Vous savez, j'entends beaucoup de choses sur ce métier, il n'est pas forcément ce qu'on croit.
— Eh bien, j'ai passé quelques entretiens où l'on m'a fait comprendre que j'étais sans doute un peu trop carrée pour ce métier, un peu trop abrupte. J'ai souvent trouvé que les prestataires qui travaillaient chez nous étaient trop "mous", j'ai compris que c'était une condition du métier, il fallait une certaine rondeur. Et quand j'ai fait un debriefing auprès de mes amis ou en famille, ils m'ont fait remarquer que l'aspect commercial du métier n'était pas pour moi1. Je serais mieux "en face", en entreprise, pour cadrer des prestataires.
— Je commence à voir, une certaine franchise... Mon rôle est donc de vous convaincre de l'intérêt de passer un entretien chez nous.
— Vous ne m'avez pas comprise. Je vous ai résumé ce que je sais pour vous éviter de vous faire perdre votre temps. Mais si vous voulez me voir, je viendrai.

Et à ma grande surprise, je sentais que plus je lui exposais pourquoi je serai un recrutement impossible, plus il avait envie de me recruter.

L'ennui, c'est que si tout ce que je lui ai dit est vrai, sa boîte me fait malgré tout envie: elle est extrêment spécialisée sur une seule fonction dans un seul secteur. J'aime ce qui est très technique.
Mais bon. Je n'ai même pas un tailleur sérieux pour cet entretien.
Un métier vaut-il une garde-robe? Oui, je suppose que oui. Je l'ai fait une fois à vingt-trois ans, je dois pouvoir le refaire.
Mais quel ennui.


1 : En réalité, JM a éclaté de rire en disant «Laisse tomber, Valérie, un consultant, c'est un commerçant à plus de cinquante pour cent, tu ne seras jamais capable de vendre de la merde!» (J'espère ne vexer aucun consultant qui lirait ces lignes. Pour illustrer mon propos, je me souviens avoir provoqué quelques blancs dans la conversation en faisant remarquer à des recruteurs que le bon prestataire, c'était celui qui quittait l'entreprise cliente: sa mission était terminée, il avait mené à bien son projet (ce qui n'empêche pas qu'il puisse revenir pour une autre mission. Mais j'en ai soupé de ses prestataires à demeure dont on sait pertinemment qu'ils coûtent plus cher que deux ou trois salariés (mais ce n'est pas la même ligne comptable))).$$