Une semaine déjà, heureusement celle-ci a passé vite. Ce n'est pas que je m'ennuie, j'ai juste l'impression d'être en exil.
Je bénis ma mémoire enregistreuse par associations, un seul détail fait resurgir un monde. Il me semble pouvoir écrire à l'infini, chaque fil tirant un souvenir, et pouvoir faire gonfler les histoires de l'intérieur, ce qui est bien plus amusant que les allonger. Quand le temps est circonscrit, on ne peut faire qu'un soufflé.

J'ai reçu les photos commandées avant mon départ, elles sont en noir et blanc, dans le prolongement de la collection des années trente. Au dos une étiquette "Archives Pontigny-Cerisy, reproduction interdite". Le temps est immobile, machine de Morel, il ne me semble plus si cruel de revivre infiniment les mêmes gestes. Ce qui est cruel, c'est de ne pas les vivre. Que vaut une copie?

Et maintenant téléphoner à ma mère et repasser le temps d'un épisode de Six feet under. Lequel parmi les cinq saisons?