Je pense à l'époque où je lisais Matoo sans avoir de blog. Il posait de temps en temps le dilemme du blogueur : écrire tous les jours même sans avoir quelque chose à dire ou n'écrire que lorsqu'on a quelque chose à raconter?
(J'adore ce genre de phrase: pur remplissage, écrire qu'on ne sait pas quoi écrire, c'est déjà écrire. J'ai commencé à lire la thèse d'Hermes sur Raymond Roussel, je me dis qu'il faut que je lise Les Mots et les Choses.)
En fait, il y a toujours quelque chose à écrire, quelques notations qui identifient la journée comme différente de la veille ou du lendemain. Simplement, on craint que cela soit mortellement ennuyeux.
La question devient donc: est-ce si important d'ennuyer les lecteurs?
Malgré tout, je crois que la réponse est oui, en tout cas pour moi. Tant pis.

Regardé la saison 1 de Six feet under à partir de l'épisode 6 (évidemment moins de temps pour lire ou bloguer. Mais j'ai repassé). Toujours le même étonnement devant la somme d'événements dans un épisode: à la fin d'un épisode, je me sens à peine capable de résumer ce qu'il est arrivé à chacun des personnages.
Je me rends compte que j'ai été élevée dans un monde de fiction télévisuelle avare, toujours prêt à thésauriser les péripéties pour l'épisode suivant, dans un monde de films où il ne se passe rien, où s'ennuyer est esthétique. Mon dieu, que ça fait du bien d'avoir une histoire débordante d'événements inattendus, où les scénaristes n'hésitent pas à se mettre en danger, où, quelle que soit la gêne née de certaines situations, les dialogues sonnent toujours justes.

Il faudra un jour que
1/ je reprenne chaque épisode en notant exactement ce qui s'y passe (et la mort du début) (mais ce relevé doit exister sur le net, en anglais).
2/ je comprenne ce qui me touche tant dans cette série. Je crois que je m'identifie à chacun des membres de la famille Fisher. Je crois que le principe des hallucinations, des films éveillés, de la projections des fantasmes dans la réalité, m'est très naturel.

J'ai égaré Allen. J'ai commencé La bibliothèque de Villers.