Dans le RER, une fillette blonde d'une dizaine d'années en turquoise et sa mère en rose. La petite fille a l'air un peu faible en classe, j'ai l'impression qu'elle sort soit d'un cours de soutien, soit d'une séance chez un orthophoniste ou un psy scolaire. Elle s'installe à côté de sa mère et commence à lire à mi-voix pour avancer ses devoirs (Le mousse de ?? (je ne me rappelle plus)).
— Ça veut dire quoi, ce mot ?
— Je ne sais pas.
— Tu chercheras dans le dictionnaire.

Le manège se répète trois ou quatre fois de façon très rapprochée, ce qui signifie qu'une phrase ou deux n'ont pas été comprises. Ça m'énerve, pauvre gosse. C'est quoi cette manie, «tu chercheras dans le dictionnaire?» A croire qu'aucun parent ne se souvient combien il détestait chercher dans le dictionnaire (et même déteste: combien d'adultes recherchent dans un dictionnaire le sens d'un mot qu'ils ne connaissent pas?) Comment peut-on supporter de laisser lire sa fille en sachant qu'elle ne comprend pas ce qu'elle lit? Comment peut-on ne pas comprendre qu'il faut expliquer les mots, les passages difficiles, pour donner envie de continuer pour connaître la suite?
«Vous comprenez, elle n'aime pas lire...» Quand on ne comprend rien, c'est un peu normal. (Ça m'agace!)
Heureusement que j'étais de l'autre côté de l'allée et que j'entendais mal. Sinon, j'aurais tout expliqué (enfin... ce que je savais. Parce que le mât de beaupré et le haut-de-misaine, je n'ai jamais su vraiment ce que c'était, mais ça faisait également partie du charme de la lecture: ne pas tout comprendre).


(Quoi qu'il en soit, les parents ont intérêt à s'y faire: les enfants ne cherchent plus dans les dictionnaires, ils tapent define:misaine dans Google.)