Comme je n'ai pas pu voir Kanal qui passait à la cinémathèque, je me suis rabattue sur un autre Polonais.

J'ai toujours la même avidité des paysages polonais, de la terre et des ciels. Ici, c'est un hôpital, des briques rouges, un clocher qui sonne, un mélange de modernité (hélicoptère) et d'intérieurs pauvres tels que devaient être les fermes françaises dans les années 50.

Ce pourrait être un film muet. C'est pratiquement un film muet.

C'est le film d'une passion violente et respectueuse d'un homme pour une femme.

Il m'a semblé voir un film de Kaurimaski qui aurait choisi une veine baroque.

C'est lent. Le récit est monté en mosaïque. On ne comprend que très lentement, il reste quelques hésitations sur la chronologie. Il faudrait sans doute le voir une deuxième fois, pour repérer les éléments qui indiquent la flèche du temps. Quelques personnes ont quitté la salle. Je regardai les arbres, la boue, le bouton, la boîte à musique. Les couleurs sont inégalement réparties, quasiment monochromes autour de l'homme. Ce sont les couleurs de la nature en hiver et des murs non peints. Autour d'Anna vivent les fleurs, les cartes postales, le vernis à ongles.

La réussite du film est dans le contraste entre le peu d'événements représentés et la violence des sentiments ressentis.