Les deux trains qui me ramènent chez moi s'appellent Zyck ou Zuck.
Les Zyck viennent de la gare du Nord ou de plus loin, il sont déjà bondés quand ils arrivent gare de Lyon, c'est pourquoi je préfère prendre un Zuck. Les Zuck partent de la gare de Lyon. Ils sont mis à quai vides, dix minutes avant de partir, ce qui permet de monter, de s'asseoir, de choisir sa place — près d'une fenêtre, pour pouvoir dormir, sous un néon lumineux, pour pouvoir lire —, d'attendre au chaud, et non sur les quais.

Quand j'arrive sur le quai du Zuck, le train entre en gare, il vient vers moi à petite vitesse avant de s'arrêter, à quinze mètres environ. Je lève les yeux pour vérifier qu'il s'agit bien du Zuck attendu. Je lis en lettres lumineuses : Yoda.
Yoda.
Je baisse les yeux, je croise le regard du conducteur. Il m'a vue voir. Il a vu mon incrédulité et mon amusement. Nous échangeons un sourire complice, je dépasse la machine, je monte dans un wagon.