Un vendredi.

On nous avait fait tellement suer pour notre mariage que je voulais fêter les dix ans, le "malgré tout", "le malgré vous", ma victoire, mon combat, ma joie, ma revanche, tout ce que vous voulez tant que ça explose de rire et d'énergie, tant que ça tourne le dos au malheur prédit, annoncé.

Le bonheur, la volonté moins d'être heureuse que d'échapper à la morosité, à la tristesse, le refus de se morfondre dans la déprime (j'en veux au romantisme d'avoir fait croire à tous qu'être malheureux rendait intéressant: oui, à condition d'essayer de s'en sortir!)
Je me rends compte que je ne peux rester amie avec des gens qui se complaisent dans leur état de malheur. Je m'en détache naturellement. Le seul combat qui vaille, qui a tout mon respect, est celui pour la joie1.

Jacqueline : "tu étais déjà drôle à l'époque": drôle? j'étais drôle? Ô joie et bonheur, j'étais drôle et je le suis. Quelle merveille de découvrir cela, quel bonheur de l'apprendre, quel dommage de ne pas l'avoir su plus tôt! Les autres, ou au moins une autre (et quelle autre, celle qui compte plus que toutes les autres), me trouve drôle : perspective bouleversée, espoir de s'en sortir, je peux y arriver.




Note
1 : mais pour toi c'est facile à dire, tu as tout pour être heureuse. — Exactement! Il serait tout à fait indécent de se morfondre dans la déprime dans ma situation, je suis entièrement d'accord (mais dans la tienne aussi, mais tu n'y réfléchis pas (mais cela, je ne le dis pas, je le garde pour moi))..