• mercredi soir

"De multiples incidents sur la ligne A". Je prends la ligne 1, de La Défense à Gare de Lyon, soit vingt minutes de plus, à peu près. Lire debout, se souvenir des passages remarquables pour les noter quand je serai assise.
Ligne D. Arrêt dix minutes en rase campagne. Nous repartons.

  • ce matin

Très en retard. Normalement le dernier RER que je m'autorise est celui de 8h51 (ce qui me fait arriver vers 9h40 dans mon bureau). Il est 9h17 quand j'arrive sur le quai. Je vois tout de suite qu'il y a eu un problème, il y a beaucoup trop de monde pour cette heure déjà avancée. Le train précédent a été supprimé. Le train de 9h21 est un train court, c'est-à-dire avec quatre à cinq voitures de moins. Quand il entre en gare il est déjà plein, les gens sont debout dans les couloirs.
Nous tassons, nous montons. Je me débrouille pour atteindre l'escalier, le but est d'obtenir un espace vital suffisamment grand pour pouvoir lire. Il reste de la place au milieu du couloir mais une dame refuse d'avancer, il faut passer derrière elle, au-delà d'elle (son excuse: elle a une main gauche mutilée (il lui manque deux ou trois doigts) et préfère se tenir de la main droite aux sièges. Pas de chance pour elle, j'ai dans mon service une femme avec un bras coupé au niveau du coude, je sais qu'elle, elle se débrouillerait pour avancer. Donc je fais remarquer à la voyageuse qu'il suffirait qu'elle fasse demi-tour sur elle-même pour se tenir à nouveau de la main droite — mais de l'autre côté de l'allée. Il paraît que je suis méchante. Entretemps une passagère assise se plaint que la même voyageuse l'a assommé à plusieurs reprises avec le sac à main qu'elle tient à l'épaule, c'est-à-dire au niveau du visage des personnes assises.)
Pendant que nous débattons le train est arrivé à Crosne. De l'étage nous entendons les gens lutter pour monter dans le train, sur la plateforme bondée (c'est en prévision de ces luttes que j'avais entrepris de me réfugier à l'étage. L'expérience...) Quelqu'un panique, nous ne comprenons pas bien ce qui se passe, le signal d'alarme est tiré. Je sais que nous allons être arrêtés vingt minutes. Pensée pour tous les trains qui suivent, obligés de s'arrêter. Pensée, toujours, pour l'accident de 1988, exactement sur cette ligne: ce sont des freins mal purgés après un signal d'alarme tiré qui en ont été la cause.
Nous allons repartir. Sonnerie des portes, brève lutte, un homme repousse des personnes qui veulent monter. Les portes sont enfin fermées, le train s'apprête à s'ébranler.
A ce moment-là s'élève un hululement déchirant, interminable. Nous nous penchons vers les fenêtres, une jeune noire assise sur le quai, entourée de deux ou trois hommes, sanglote dans ses mains, coudes sur les genoux.
Le train s'éloigne.

  • ce soir

Quai du RER A bondé, encore des trains manquants, j'arrive à monter dans le wagon de tête, à m'assoir entre Châtelet et gare de Lyon. Deux, trois minutes. Dès que je m'assois je m'endors. Je rêve. Toute la journée je lutte contre la tentation de fermer les yeux et me mettre à rêver aussitôt.
Quand j'arrive sur le quai du RER D, le train pour Melun que je vois défiler le long du quai ne ralentit pas pour s'arrêter, mais accélère pour s'éloigner (il faut toujours quelques secondes pour analyser ce genre de situation, pour comprendre ce que voient les yeux — un train qui roule, et en tirer les conséquences). Le Zuco suivant (ie, le RER pour Melun s'arrêtant à Yerres ("ayant pour mission" Melun)) est à 20h10.
Je décide de prendre le premier train qui passe, pour n'importe où, et de descendre à Villeneuve-Saint-Georges attendre mon Zuco au grand air, le long de la Seine. Je prends donc un train à 20h, qui a la particularité de s'arrêter dans toutes les gares avant Villeneuve; le Zuco part dix minutes plus tard, les trains devraient coïncider à Villeneuve, je l'ai déjà fait.
Je lis. Le train s'arrête, à peu près au même endroit qu'hier. Annonce: dégagement de fumée dans le train précédent, il faut attendre qu'il résolve son problème. Nous attendons un quart d'heure. Raté pour mon Zuco. Si j'avais attendu gare de Lyon, à l'heure qu'il est je serais presque arrivée à Yerres.
Le train repart, s'arrête à la station suivante (Villeneuve-triage, Villeneuve-prairie?) et embarque tous les passagers débarqués par le train précédent. Je m'endors. Une grosse jeune fille plutôt jolie jacasse dans son portable, je l'entends à travers mes rêves. Nous arrivons à Villeneuve-Saint-Georges, il y a déjà beaucoup de monde sur le quai, je ne comprends pas bien pourquoi. Je descends attendre le Zuco, il est 20h28. Nous nous y entassons quand il arrive. Il reste deux stations à parcourir.

Quelle température faisait-il ce soir?