Arrive le moment où l'on n'écrit que pour consigner ce que l'on pense, non pour dialoguer mais l'inverse, parce que l'échange est impossible.
Que les idées soient personnelles (pas dans le sens "être uniques", mais dans le sens "chacun fait son choix dans les rayonnages" (et ce qui est unique finalement, c'est le bouquet que l'on compose, ce qu'on apparie)) et que les convictions ne puissent être partagées (elles ne peuvent que se rencontrer, d'une personne à l'autre) est une expérience commune, qui nous ramène aux "goûts et les couleurs".

Ce à quoi j'ai beaucoup plus de mal à m'habituer, c'est qu'il en soit de même avec les expériences. Si votre expérience contredit la pensée moyenne, elle est refusée comme nulle et non avenue. Au mieux on lui trouvera une explication psychologique/psychanalytique. C'est une impression étrange, l'impression de n'avoir pas vécu ce qu'on a vécu, puisqu'on vous dit que c'est faux. Ah bon. Pourtant j'avais bien eu l'impression... Mais non, tu rêves.

Alors l'écrire dans un coin, pour résister. Je rêve peut-être, mais c'est écrit.