J'avais un peu hésité à y aller, E. ayant dit que cela lui avait donné le cafard.
Je n'ai pas compris pourquoi.

J'ai l'impression que c'est un film riche en fausses pistes.
L'exergue shakespearien «Life is a tale told by an idiot, full of sound and fury, signifying nothing» me faisait attendre une histoire absurde et injuste; en fait il s'agit d'une histoire logique et morale, respectant parfaitement l'enchaînement des causes et des conséquences: chaque personnage récolte ce qu'il a semé. Seules les deux femmes, mère et fille, ne commettent aucun méfait moral. Elles pourraient apparaître comme les victimes du récit, mais en fin de compte ce sont elles qui sont sauvées: la mère retrouve un compagnon, la fille se débarrasse d'un looser et a l'opportunité d'ouvrir sa galerie (non, pas dans le cadre du film. Mais elle va y arriver ;-). Tout se passe comme si une certaine passivité (ne pas décider de lutter contre le vieillissement ou d'avoir un fils (le père), ne pas décider d'abandonner son métier ou de voler un manuscrit (le gendre), ne pas décider de rompre ses fiançailles (la fille en rouge)), une façon de ne pas s'opposer au cours des choses ou de ne pas le forcer était finalement payante.

Je ne peux m'empêcher de voir une certaine malice dans ce film. Comment ne pas penser à la vie de Woody Allen lui-même devant ce père qui abandonne son épouse d'une vie pour épouser une bimbo un peu pute? A-t-il voulu se moquer de lui-même, afficher son propre ridicule, ou a-t-il voulu se moquer de son entourage, lui signifier qu'il savait parfaitement ce qu'il pensait? Ou les deux?

Autre fausse piste, le titre. Parce que bon, comme bel et sombre inconnu, on fait mieux.