La première fois que nous étions allés chez les L., les parents de François, j'avais été frappée par l'aspect de leur maison: non crépie, grise, ciment à nu. Au cours de la conversation, comme je demandais innocemment à Madame L. s'ils menaient des travaux de rénovation, elle m'avait répondu gentiment : «Quand nous avons fait construire nous n'avions pas d'argent; plus tard nous n'avions plus de projet commun.» Trente ans après, la maison était donc toujours dans le même état que lorsque le manque d'argent avait interrompu les travaux, le placoplâtre à nu dans certaines pièces.

François était le benjamin, après trois filles. Quand il parlait de son enfance, il nous laissait toujours stupéfaits. Par exemple, à une époque son père avait installé sa jeune maîtresse dans une caravane dans le jardin. Mon féminisme jugeait cette idée révoltante:
— Mais enfin, pourquoi tes parents ne se sont-ils pas séparés?
— Et qu'aurait fait maman? Elle n'a jamais travaillé, elle s'est toujours occupé de nous. Un divorce l'aurait réduit à la misère. Papa l'a protégée.

C'était une façon de voir, et après tout il n'y avait pas à juger. Mais c'était si étrange.