A. m'a appelée. Elle voulait des nouvelles, ma carte de vœux, sombre et morose, bizarre, l'avait inquiétée. Elle en avait parlé avec sa mère, à qui je présente également mes vœux, qui avait eu la même impression.
Interloquée, j'ai essayé de savoir quels mots, quelles phrases, avaient bien pu leur donner cette impression. Mais elle n'avait pas la carte sous les yeux et n'a pas pu me répondre.

Est-ce que sont les lieux ou les heures auxquels j'ai écrit qui ont transparu (ennui d'amphithéâtre, de convention professionnelle, fatigue des fins de journée quand je tâchais de terminer les cartes qui manquaient encore)?

Ou suis-je plus lasse que je ne le pense, l'écriture révélant au-delà de sa mise en scène (ne pas se plaindre, rester factuelle quand on raconte des événements tristes, se tourner légèrement en ridicule, introduire des anecdotes vraies et vivantes pour faire sourire) un mal-être dont j'aurais à peine conscience?

Je ne sais pas. Je sais que si j'ai du mal à écrire ici en ce moment, c'est justement parce que je sais qu'un lecteur peut lire plus de choses que je sais que je n'en écris, et que comme je ne sais pas ce que contient cette part involontaire, je n'ose pas me lancer dans des billets plus longs ou plus personnels.