Il ne semble pas que la consécration du mois de mai à Marie (début XVIIIe siècle) ait été une initiative visant à christianiser les manifestations folkloriques de cette période de l'année. Mais elle fut peut-être une réaction contre la croyance assez répandue que ce mois est un temps néfaste — durant lequel on craignait par exemple de se marier sous peine de malheur[1].

Jean Delumeau, Monique Cottret, Le Catholicisme entre Luther et Voltaire, p.346

Je me suis mariée en avril. Lorsque j'avais évoqué une date en mai, ma mère avait paru scandalisée: «Tu ne trouveras jamais un prêtre pour te marier en mai! C'est le mois de Marie, et d'ailleurs, se marier en mai porte malheur.»
Et de m'énumérer, en sûre chroniqueuse du malheur, trois ou quatre mariages célébrés en mai, tous terminés par des divorces ou des veuvages prématurés. In petto je m'étais demandé si ses origines berrichonnes jouaient (la Mare au diable) dans ces superstitions qui choquaient mon esprit catholique tout en impressionnant cette partie de nous qui aimerait tant croire à la magie (après tout, il y a des exemples… on a beau savoir qu'ils ne sont qu'un prélèvement sur le réel, sans aucune valeur statistique… ce sont des cas avérés… et donc…)

Je trouve aujourd'hui une explication au tabou du mariage en mai: un tabou d'avant la consécration à Marie, maintenant imputée à cette consécration… Je ne suis pas sûre que l'Eglise ait gagné à cette assimilation. Et je me demande si les prêtres refusent réellement de marier en mai. (Il ne me semble pas. Il suffirait de regarder les registres.)

Il n'y a pas longtemps encore, quelqu'un m'ayant parlé d'un mariage en mai, je me suis demandée si ce mariage avait ou allait bien tourné/er (mais je me suis tue).

Notes

[1] M. Louis, Le floklore et la danse, Paris, 1963, p.143