L'aîné - florilège

  • 15 octobre 2011
Dispute avec Clément qui me dit "qu'il se demande s'il veut aller aux Etas-Unis cet été". Je lui dis que ce n'est pas un choix et qu'il y en a marre qu'il obtienne toujours ce qu'il veut sans que nous n'ayons rien en retour.
Au fond de moi je sais qu'il faut qu'il vienne mais aurai-je le courage de le lui imposer?

Il me répond alors que "je n'ai pas le choix". Nous sommes dans la voiture pour aller faire les courses. J'arrête la voiture: "Tu descends ou tu t'excuses". Il s'est excusé.

  • 16 octobre 2011
Hervé m'apprend que C. n'a pas apporté le disque dur à Rhotull alors que je l'avais rappelé à C. tous les jours de la semaine. => C'est bon, il viendra aux US avec nous, ça suffit1.

  • 22 octobre 2011
Tandis que je reçois le courrier de l'Alsacienne pour le voyage des premières à Berlin de A., C. murmure: "je regrette de ne pas y être allé". (Je ne dis rien mais quitte la pièce, furieuse2.) (Je vais inscrire A d'office.) (Mais à la réflexion, avait-on l'argent à l'époque?)

  • 26 octobre 2011
Clément tire la tronche ce matin.
moi: — Tiens, Daniel [le voisin] a encore changé de voiture?
C : — J'en sais rien.
Ça me fait sourire, sa mauvaire humeur cyclothimique m'exaspère donc je souris: — On dirait Claude.
— Oh mais va te faire foutre! J'en ai marre à la fin.

J'abandonne la voiture, moteur allumé, que je conduisais, et je vais prendre le bus (il est 7h20).


Note
1 : note en janvier 2017 : des années après ça paraît une étrange punition! Il s'agissait simplement qu'il soit avec nous et arrête d'en faire à sa tête, sans jamais nous prendre au sérieux.
1 : parce qu'à l'époque il avait catégoriquement refusé d'y aller malgré mon insistance.

Décrire le monde

Hier, attendant un livre, je musais dans le sous-sol de la bibliothèque de Sciences-Po: tous les grands classiques de la philosophie politique et de l'économie, en accès direct, consultables sur place, quatre ou cinq rangées d'étagères remplies de livres tranches contre tranches (étagères perpendiculaires au mur, livres sur deux épaisseurs). Un moment j'ai été tenté d'évaluer combien de jours représenterait leur lecture intégrale, mais le vertige m'a pris, frustration et fatigue confondues, j'ai préféré abandonner.

Ricardo ou Pareto? Je voulais lire l'un des deux, mais je ne sais plus lequel (plutôt Pareto, je pense, car en regardant leurs biographies, il me semble avoir lu Ricardo il y a bien longtemps, en même temps qu'Adam Schmidt). J'aime cette écriture. C'est si simple au début. Cela ressemble à la physique: c'est si simple au début. On a l'impression qu'on va tout comprendre. Arrivé à Schumpeter et Samuelson, le découragement gagne (mais avec la théorie des jeux appliquée à l'économie, qui modélise l'illogisme du comportement humain à partir d'enquêtes et d'études statistiques, l'intérêt renaît (la "rationalité" économique est vraiment une hypothèse aberrante, je ne comprends pas qu'elle ait pu être utilisée si longtemps en étant si manifestement inadaptée)).

Je m'égare. «Ce que je voulais dire, c'est que» je suis tombée en arrêt devant la production de Raymond Aron. Combien de mètres d'étagère, deux, trois? Même en comptant les volumes en double, c'est énorme. J'ai ouvert les tomes reprenant les articles parus dans le Figaro. Papier bible, trois tomes, "huit cent cinquante six articles", me dit Amazon.
J'ai pensé à François Mauriac. Où sont passés les "plumes" de la presse? Y en a-t-il encore, que je ne saurais reconnaître? Les seules chroniques à la fois sérieuses et personnelles seraient-elles toutes désormais des billets de blogs? Mais peut-on comparer cela au prestige, au savoir, à la connaissance d'un agrégé de philosophie trempé par la guerre ou d'un prix Nobel de littérature? (Je sais, les titres ne sont pas un vaccin contre la bêtise. Mais tout de même…)

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