Jeudi dernier, après une conférence sur l'Europe, encore une conversation entre nanas:

— Alors ça y est, vous les avez reçues?
— Non, parce que tu comprends, ils les livrent le vendredi, et donc elles arrivent un samedi, et comme la dame du laboratoire en a peur, on ne peut pas les faire arriver à l'école; il faut que l'un d'entre nous les reçoivent chez lui, et qu'on les amènent ensuite. La mère de Sarah est d'accord pour l'amener un matin en voiture, donc elles vont arriver chez Sarah, il faut qu'on téléphone pour demander si exceptionnellement ils peuvent livrer le jeudi pour qu'elle les amène le vendredi.
— Tu veux dire que vous n'avez toujours pas commencé? Mais il se termine bientôt votre TPE?
— Il y a encore quatre semaines avant Noël, et puis tout janvier. On a rédigé tout ce qu'on a trouvé comme doc… *silence, sourire embarrassé* Simplement il y a un problème…
— Quoi?
— L'école ne veut pas les garder pendant les vacances de Noël…— là, je le sens mal — est-ce que je pourrais les garder à la maison?
— Tu veux qu'on garde des blattes pendant les vacances de Noël ??!!!
— Ben oui, l'école n'en veut pas. Mais elles sont toutes petites, et elles ne grimpent pas aux vitres, on les a choisies exprès pour ça. Elles sont rouge vif, ce sont de toutes petites blattes.
Oh mais alors ça change tout, si elles ne grimpent pas au vitres... Evidemment, suis-je sotte, ELLES NE GRIMPENT PAS AUX VITRES, nous sommes sauvés.
— Et tu veux les mettre où? Dans le salon je suppose? dis-je en matière de plaisanterie mais déjà épouvantée par sa réponse.
— Euh… j'avais songé à les mettre derrière le lave-vaisselle…
Oui, chez nous, le lave-vaisselle en panne est dans le salon depuis plusieurs semaines. Notre vie est trop spirituelle pour s'arrêter à ces détails pratiques.
— Pourquoi pas dans la cabane? Ou dans la chaufferie?
— Dans la cabane? Ah oui, on pourrait essayer.
— Sauf que dis-je réfléchissant à voix haute elle risquent d'avoir froid.
— Si elles ne sont pas bien, on les mettra dans la chaufferie pour qu'elles soient plus confortables.
— Oui, tu as raison il faut que tes blattes soient confortables. (WTF???)
— D'ailleurs, il va falloir qu'on demande aux parents s'ils ont un drap noir.
— ???
— Oui, elles n'aiment que le noir, faut qu'on entoure l'aquarium.
Ah mais oui, naturellement, ou avais-je la tête?
— Tu veux savoir combien elles peuvent avoir de descendance?
— Non.
— Et puis, c'est increvable. Si tu leur coupes la tête, elles vivent encore une semaine. Et il ne faut pas les stresser, sinon elles expulsent leurs oothèques. Toi, tu les écrases, tu crois que c'est fini, mais en fait, elles ont expulsé leurs oothèques, et quelques jours plus tard tu te retrouves avec…
— Non, je ne veux pas savoir.

Plus tard dans le RER:
— Mais qu'est-ce que vous allez faire comme expériences, avec vos blattes?''
Elle rougit un peu.
— Tu ne veux pas savoir.
— Mais si!
— En fait elle se comportent comme les hommes, elles n'ont pas de cycle, elles baisent n'importe quand.
Je la contemple en silence, abasourdie.
— Vous allez regarder fucker des cafards?
— Oui, elles ont une parade de deux heures, qui évolue avec le niveau de leurs phéromones [NB: c'est le sujet du TPE: les phéromones, pas les blattes]. On va les observer, les filmer…
— Ça va être pratique, dans le noir.
— Sous de la lumière rouge. Enfin, si on a beaucoup de chance, parce qu'on a TPE une fois par semaine, il faudra que ça tombe bien.

Etc., etc.