J'ai un peu hésité, mais finalement je vous donne le lien vers mes notes de ces trois jours.

La nature de mon hésitation est de plusieurs ordres. Le premier et le plus bête, au sens de primaire, naïf, spontané, est la peur de transformer ce blog-ci en blog de grenouille de bénitier, ou tout au moins d'en donner l'impression (parler publiquement de foi est un peu mon coming-out, dans la plupart des milieux que je fréquente, y compris ma famille, c'est au mieux une bizarrerie, au pire le signe d'une stupidité avérée (ou encore "une aliénation", selon d'autres)).

Le deuxième est plus compliqué. J'aime ces colloques. J'y rencontre dans un espace restreint une concentration d'intelligence et de savoir comme je n'aurais jamais rêvé qu'il en existât, dans une atmosphère exaltante qui ne respire jamais l'ennui. (C'est en fait bien plus exaltant que les colloques en littérature ou en philosophie: est-ce parce que cela aborde des domaines que j'ignore totalement; est-ce dû à la personnalité des intervenants, qui ne se battent pas pour une chaire universitaire (ou tout au moins pas principalement, puisqu'ils sont pour la plupart prêtres, moines, religieuses); est-ce dû à leur foi, comme je n'ose pas l'écrire; ou encore parce que par nature de nombreux domaines sont touchés en un seul mouvement, histoire, linguistique, philosophie, théologie?)
Et la question qui insiste discrètement au fond de mon crâne, c'est: mais quel rapport entre toute cette intelligence, toute cette recherche, et la foi? Ne s'agit-il pas de purs exercices, dans un but épicurien ("se faire plaisir") ou défensif (prouver aux non-croyants qu'un croyant n'est pas juste un imbécile qui a abandonné tout sens critique)?

La dernière question qui me taraude est: comment font-ils? Comment font-ils, de nombreux d'entre eux, pour planer ainsi et retourner le lendemain en paroisse? Comment font-ils, mais je connais la réponse, ils sont entrés dans les ordres pour servir, c'est une affaire d'humilité. Mais tout de même…
Et dans la même question, parce que ce n'est pas une question différente pour moi, car elle touche à la personnalité de ces personnes: sont-ce vraiment les mêmes, les mêmes catholiques, qui vont défiler contre les homosexuels? Comment est-ce possible, après avoir été immergés dans les Evangiles comme ils le sont?

(Je dis bien contre les homosexuels, et non contre le mariage homo. Au début je pensais que les homos étaient un peu parano, que ce n'était pas contre eux que les gens défilaient, mais simplement parce qu'ils pensaient que la reproduction étant sexuée, il était logique que les couples qui se marient soient hétéro (et il me semble possible de penser cela sans être homophobe). Mais plus le temps passe, plus je lis des réactions (le troll chez Matoo (c'est important, parce que concernant les autres témoignages, il est toujours possible de se dire que les journalistes les ont choisis: là, il s'agit d'un troll "naturel", venu de lui-même), et plus il faut se rendre à l'évidence, il s'agit bien d'homophobie. Et je vois revenir l'assocoiation homosexualité/pédophilie qui m'effare, me navre et me met en rage. A ce compte-là, nous ne devrions jamais confier nos filles à des professeurs masculins.)