Mon père était un homme silencieux, voire taciturne. Il ne se plaignait pas, expliquait peu, aurait aimé nous aider mais ne savait pas franchir le mur que nous dressions devant lui.
Une année, je devais avoir treize ans, désapprouvant ma conduite (je crois que le prof d'allemand avait eu des mots très durs sur mon bulletin à cause de mon comportement, insolence etc), il ne m'a pas parlé pendant plusieurs semaines.

Ce mutisme commence à me tenter. Entre les reproches de mon mari et le mépris de mes enfants (parce que je fais un boulot d'employée de bureau sans prestige), je n'ai plus rien à dire. Je n'ai plus envie de ne rien dire.

Je vois que je n'arriverai pas à me faire comprendre, personne n'adoptera (quelques minutes) mon point de vue pour essayer de comprendre ce que je dis; et je n'ai pas envie, plus envie, de faire l'effort inverse, il me semble l'avoir trop fait.
Nous en sommes donc arrivés à ce moment où nous n'avons plus envie de faire aucun effort.

Et cela me laisse parfaitement insensible. Pas indifférente, non, fataliste. Advienne que pourra, je ferai avec. De toute façon, c'est le cas depuis toujours.