Invité récemment dans un talk-show de la télévision tchèque, j'ai cité le poète polonais Norwid —"la Pologne, ce n'est que de la mémoire et des tombes"—, ce qui a provoqué un éclat de rire chez le public praguois du Théâtre Semafor, où l'émission était enregistrée, comme s'il s'agissait d'une bonne blague. On croyait sans doute que j'avais préparé cette plaisanterie pour la fin. Or il s'agit d'une vraie citation, et qui en dit long sur les Polonais.
[…] Durant les siècles de l'histoire polonaise, nous avons passé le plus clair de notre temps à lutter pour notre liberté, à défendre notre patrie en mourant par milliers. Par conséquent, les Polonais sont bien meilleurs pour célébrer les enterrements et les défaites que pour fêter les succès.

Mariusz Szscygieł, Chacun son paradis, p.208 (Actes Sud, 2012)


L'étrange quand je lis cela, c'est que j'ai l'impression que cela fait davantage référence à la famille de ma mère qu'à celle de mon père. A croire que c'est peut-être une chose qui les a rapproché, souterrainement.