Je suis debout dans le RER, au niveau de six places se faisant face trois à trois. Cinq jeunes filles révisent des noms en D, l'une donne le mot, les autres tentent d'en donner la définition, la première les aide. J'arrive au moment de "dépréciation" ou "déprécation", je ne suis pas sûre de bien comprendre, est-ce de l'anglais qu'elles révisent?

Non, c'est bien du français: démotique, désaffection, déshérence, desidérata (toujours au pluriel, prend un "s"), désolation (au sens de "destruction"),…
Je suis intriguée: sont-elles en première, et leur professeur de français a-t-il décidé de traiter le mal à la racine (avec un pincement au cœur, je me dis que cela aurait dû être fait il y a des années, au collège (mais leur sérieux me remplit d'espoir: quel professeur peut-il réussir à obtenir cela d'élèves de première? (car il n'y a aucun signe d'ennui ou d'exaspération parmi elles)); sont-elles en première année de fac littéraire?

Au moment de quitter le wagon, je me penche vers la jeune fille au bord de l'allée:
— Excusez-moi, mademoiselle, vous êtes en quelle classe?
— En prépa orthophoniste.