Fin des vacances, je reviens après dix jours d'absence. RER et couloirs calmes.
Je me mets au travail.
Une heure plus tard, j'ai l'occasion de revenir sur la page d'accueil de l'intranet de la boîte. Elle a changé, une brève nous apprend la mort le 24 décembre du DRH parti à la retraite au printemps dernier. Il est enterré aujourd'hui dans les Vosges (impossible d'y aller, trop tard). Je suis ébranlée.

C'était un homme qui était déjà en poste quand je suis entrée au G*n en 1996. Il était beau, blond aux yeux bleus dans le genre Robert Redford.
Choc en le revoyant il y a deux ans, vieilli, boursoufflé: comment pouvait-il s'être laissé aller ainsi en ayant tant d'atouts naturels?
— Mais que lui est-il arrivé ?
— Un divorce difficile.
(J'avais pensé à l'alcool, mais après cette mort H. me suggère de la cortisone.)

Quand une partie des activités de mon ancienne société a été vendue en octobre 2012, l'autre partie a été dissoute dans une des entreprises du groupe (comprendre que les effectifs et les portefeuilles clients ont été repris tandis que juridiquement la société d'origine disparaissait). Bien entendu se posait le problème des doublons, de façon d'autant plus épineuse que les personnes étaient haut dans la hiérarchie. Un "plan de départ volontaire" (PDV) a été mis en place, proposant aux salariés d'anticiper leur départ à la retraite. C'est ainsi que "Robert Redford" est parti quelques mois ou années plus tôt qu'il n'aurait dû.

Je ne peux m'empêcher de penser que ça l'a tué, qu'en lui enlevant ce qui l'obligeait à se lever tous les matins et lui donnait une structure, nous l'avons tué.
(C'est idiot, je pourrais tout aussi bien penser qu'heureusement qu'il est parti plus tôt, qu'ainsi il a eu au moins quelques semaines de loisir.)