En décembre, nous avons appris que d'importants travaux allaient être réalisés à la gare de Yerres et qu'en conséquents les horaires allaient être bouleversés. D'autre part, le trajet pour aller à Paris allait prendre cinq minutes de plus (non ce n'est pas rien: l'enjeu est d'attrapper son train, de ne pas rater les correspondances, d'être à l'heure en classe, etc).
Nous a-t-on dit, ou avons-nous spontanément déduit, que le trajet serait plus long de cinq minutes à cause des travaux? Et que donc, sous-entendu, le trajet reprendrait sa durée "normale" à la fin des travaux?
Quoi qu'il en soit, pas du tout: les cinq minutes sont dues à une nouvelle gare, Créteil-Pompadour. Cela est ennuyant, mais un regard sur une carte démontre si bien l'intérêt de cet arrêt (l'étrange est qu'il n'ait pas existé plus tôt) au vu des transports et habitations environnants que j'en prends mon parti sans difficulté. (Mais cette carte que j'ai vue, je l'ai vue par hasard sur une feuille de chou en faisant des paquets à Noël chez Boulanger: nous n'avons eu aucune explication officielle, aucune information).

J'en prends mon parti, mais les conséquences d'un arrêt de plus ne sont pas qu'un rallongement du trajet, c'est surtout moins de places assises au départ de Paris (les gens qui descendent à cet arrêt ne prenaient pas mon train auparavant, mais l'omnibus), et voyager debout, ça veut dire l'impossibilité de dormir, un voyage insupportable si on porte des talons… (Et encore, j'arrive à prendre des notes debout).

Remarque en passant : d'autre part les trains sont supprimés autant qu'avant, mais il y a beaucoup moins d'explications à photographier, alors que j'ai cru remarquer que les photographes devenaient chose courante: un lien de cause à effet?

Parenthèse poujadiste : temps de trajets rallongés, trains plus bondés encore, et augmentation du pass Navigo en janvier: que paie-t-on exactement, à quoi s'engagent les transports d'Ile-de-France quand on s'abonne pour un an? (Imaginez un restaurant qui vous servirait alléatoirement un repas, un demi-repas, un repas froid, un repas servi à deux heures alors que vous êtes arrivé à midi, et cela toujours pour le même prix, ou en l'augmentant.))

Le soir, les horaires ont été décalés (2 et 32 au lieu de 8 et 38 gare de Lyon). Cela n'a l'air de rien, mais comme dans le même temps le passage entre la station Châtelet et la ligne 14 a été bouché (les travaux ont commencé il y a un an mais je n'ai pas l'impression que le projet prévoit de rétablir ce passage qui était très rapide) et que le RER D part de gare de Lyon au lieu de partir des Halles (gare de Lyon à 23h02 au lieu des Halles à 23h08, si vous avez suivi), il faut prendre le RER A entre Châtelet et gare de Lyon et j'ai beaucoup de mal à attraper mon train le mardi soir. Je le rate de trois minutes et j'attends une demi-heure dans le froid (nous attendons par dizaines une demi-heure dans le froid).
Comme ce n'est pas suffisamment sadique, la SNCF (le RER D dépend de la SNCF) joue à mettre les trains en gare de surface (la correspondance ordinaire entre RER A et D n'est que de quelques volées de marches) c'est-à-dire avec les trains grandes lignes (je suppose que c'est à cause des travaux de mise aux normes), mais bien sûr, sinon ce serait trop facile, pas toujours dans le même hall: une fois dans le bleu, une fois dans le jaune, pour ceux qui connaissent (ça représente une centaine de mètres, pour ceux qui ne connaissent pas). Et bien sûr, cela n'est pas indiqué sur le quai du RER A, le voyageur le découvre en arrivant aux départs grandes lignes (or, comme vous l'avez compris, chaque seconde compte).

Mardi, tandis que j'arrivais en courant à 23 heures devant le quai 17 (les deux mardis précédents, c'était quai C et G), le chef de gare a sifflé:
— Ah non, vous n'allez pas le faire partir, ça suffit comme ça, les conneries.
— Comment ? (Croyait-il m'intimider?)
— Ça suffit comme ça, les conneries.
— Comment ?
— ÇA SUFFIT COMME ÇA LES CONNERIES.
Il a laissé tombé, je suis allée m'assoir en soufflant comme une forge, et ce soir je suis retournée en salle car je n'ai plus aucune condition physique.