Samedi

Je continue les emplois du temps. Au moins ça me permet plus tard de retrouver la trace de mes journées. Bizarrement, raconter des anecdotes ne permet plus plus tard de retrouver la trame des jours (je veux dire le contenu réel des heures passées à vivre).

9h30: marché avec H. (Yipeee! ça n'a l'air de rien, mais des années que je cherche à aller au marché avant midi! (la journée type, c'est plutôt se lever à huit heures et perdre absolument tout son temps dans le nothingness avant de s'apercevoir qu'il est presque midi. je déteste ça. Je déteste ne pas savoir où sont passées les heures de ma vie)).

10h30: une heure et demie de ménage. Un jour je saurai pourquoi les joints de la salle de bain deviennent rose orangé. Produit pour nettoyer le lave-linge (c'est un concept étrange, ces produits qui servent à entretenir les lave-linge et lave-vaisselle: laver ce qui lave, c'est tout de même bizarre.)

13h20: j'accompagne O. à l'école de musique et je prends le RER. Je veux voir I am Divine (cela ne passe que dans une salle UGC, il faut se dépêcher) et passer dire bonjour à Patrick Cardon aux Blancs-Manteaux.

14h15: comme la séance n'est qu'à 14h55, j'erre dans la bibliothèque musicale des Halles et emprunte Béton de Thomas Bernhard.

14h55: je suis décidément abonnée aux petites salles qu'UGC les Halles a ouvertes récemment (30 à 35). Le film est un documentaire réalisé avec soin. Je suis à la recherche de mon enfance et de ma jeunesse, j'essaie de me souvenir de ce que j'ai pu voir ou entendre, je regrette tout ce que j'aurais pu (j'aurais dû?) connaître si j'avais su. L'homme Divine est très attachant, en tout cas à travers ce film.

En sortant je passe à la librairie allemande acheter Kritik der reinen Vernunft dont nous devons lire dix pages pour samedi prochain (le prof a tant répété que c'était plus clair, syntaxiquement plus clair, en allemand). De toute façon je n'ai pas grand chose à perdre, et puis le livre est très bien relié et pas cher du tout. (Mes premières recherches hier montrent que le vocabulaire est proche de celui que je vois en allemand théologique.) J'en profite pour acheter le tome V des Harry Potter et un livre pour mon autre nièce qui est en première (c'est sans doute une erreur, perdu d'avance, elle ne lira jamais ça. Mais sait-on jamais? Moi et mon espoir inétouffable quoi que j'en dise…)

Je passe voir Patrick Cardon, lui achète quelques livres (il est spécialisé dans la réédition de textes anciens sur l'homosexualité).
(J'ai rencontré Patrick à un colloque sur le kitsch. L'une des bizarreries de la vie (et qui prouve que le monde est petit, etc) est que la co-auteur de ce livre sur l'homosexualité au XVIIIe siècle suit les mêmes cours de théologie que moi (surprise de découvrir que Patrick était notre "ami commun" lorsque nous sommes devenues "amies" sur FB. Comme quoi l'univers catholique est un peu plus bariolé qu'on pourrait le croire au premier abord (plus exactement, plus tolérant, plus ouvert: pour suivre ce cursus de théologie, il faut remplir un dossier, écrire une lettre de motivation et passer un entretien. Les "bizarres", ceux dont on penserait qu'ils ne rentreraient pas dans le cadre (les divorcés, par exemple), ne sont pas rejetés. C'est quelque chose que l'on n'expérimente qu'une fois à l'intérieur: la tolérance, la bienveillance, est grande, ou en tout cas, "trouvable", alors que l'image renvoyée vers l'extérieur est souvent celle de la rigidité.))

En parlant de petit monde, j'aperçois en arrivant aux Blancs-Manteaux un ancien collègue aujourd'hui à la retraite en train de discuter avec Patrick. Discrètement j'attends qu'il parte, je voudrais lui éviter la crise cardiaque en me voyant embrasser Patrick sur les deux joues. (Mais peut-être qu'il ne m'aurait pas reconnue, ou peut-être qu'il n'aurait pas fait de crise cardiaque: la vérité est que je ne l'appréciais pas beaucoup.)

En repartant je passe devant La Belle Hortense (librairie-boutique de vin, ce qui est sans doute moins salissant pour les livres que librairie-salon de thé), j'achète une robe, un manteau, un haut (après un véritable sketch pour faire accepter les sommes par les deux cartes bleues. Comme je sais que j'ai l'argent, j'insiste. Nous essayons plusieurs combinaisons jusqu'à parvenir à trouver la solution. Heureusement que j'ai de la participation à débloquer le 15 avril). A travers la vitrine, j'aperçois une blondinette qui est la fille d'Aymeric (elle boude).

Je rentre en vélib. Je suis fatiguée, les restes du virus. Encore un épisode de The Killing avant de se coucher.

Enquête

Les questions sont ici.

1/ Non. J'ai simplement eu envie de faire une galerie de photos de visages de gardiens dans un musée où ils avaient tous des "gueules" extraordinaires.

2/ Non, j'ai la conviction qu'il faut absolument éviter cela. Au mieux tout paraît beaucoup plus petit, au pire tout est saccagé.

3/ C'est compliqué. J'ai grandi dans l'idée que comme mes parents attendaient un garçon, mon prénom n'était que le transposé féminin du prénom masculin correspondant.
Puis à vingt-trois ans j'ai lu mon extrait de naissance intégral et j'ai découvert que pendant quatre mois je m'étais appelée France, qui devait donc être le prénom choisi par ma mère (puisque mon père était absent). Cela m'a paru un prénom féminin très générique, comme Marie (dans mon esprit, le plus absolu des prénoms féminins, le féminissime, c'est Marie).

4/ Non. Mais j'ai une carte astrologique, dessinée par un supérieur hiérarchique que j'ai eu pendant trois mois.

5/ Les arrivées. Je ne sais pas partir.

6/ Non.

7/ Oui. je me demande même si cela n'a pas été le cas avec mon mari (pas de blog pour le vérifier!)

8/ Non. Ou oui : la maison était prévue pour être partagée, moitié pour les ouvriers rosiéristes, moitié pour le patron. Elle est restée entière mais présente une certaine symétrie.

9/ Oui, dans les toilettes du lycée.



Réponses apportées le 3 janvier 2015.
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