Nouveau professeur. Il commence tout à trac, sans se présenter:
«Le monde est mauvais. Cette phrase est bizarre, elle n'a pas de sens, car le monde est beau, le monde est merveilleux, le contraire du monde est im-monde. Alors pourquoi…»
Suit le cours. Le prof plane, décollé du réel, tout ce que j'aime. Pourtant je ne peux m'empêcher de penser que défendre un "meilleur des mondes possibles" est forcément pré-Auschwitz, date forcément d'avant cet écroulement de la confiance que l'homme pouvait se porter à lui-même.
Et je crois qu'il aurait tout de même fallu évoquer les travaux mathématiques de Leibniz, je vois le meilleur des mondes possibles comme la limite d'une suite tendant vers le meilleur, cela devient très parlant.

Apparemment, c'est ce professeur qui avait inscrit Karamazov sur notre liste de lectures de l'été car une élève a demandé:
— Et que peut-on lire à la place de Karamazov?
— Vous ne voulez pas lire Karamazov? Eh bien… je ne sais pas, lisez Conrad, Au cœur des ténébres ou Lord Jim… Ou alors lisez Jean Genêt… Je pense toujours à lui quand je viens ici, je ralentis devant le 22 rue d'Assas, c'est l'endroit où il est né. Et je vis à deux pas du lieu de sa mort.