En août 2010, j'avais ouvert un compte à mon nom dans une banque différente de celle où nous avons notre compte joint — et où j'ai également un compte en propre.
En effet, la situation d'Hervé était désastreuse et je voulais éviter, au cas où je touche un héritage de ma grand-mère, d'éventuelles saisies de l'URSSAF et autres (nous sommes mariés en séparation de biens, le simple fait de déposer une somme sur mon compte et non sur le compte joint aurait dû suffire, mais je n'ai pas confiance dans les banques, je voulais non seulement un compte séparé, mais une banque différente).

J'étais allée rue du Faubourg Saint-Honoré ouvrir un compte chez Groupama banque. L'"agence" est une pièce unique, orange, néo-années 70, vide, occupée en son milieu par un long comptoir transversal à la porte sans que rien n'indique au client qu'il doive rester d'un côté plutôt que l'autre. Au fond se trouvent deux box vitrés, sans porte, avec une table basse ronde et des chaises dans chacun d'entre eux.

La jeune femme qui m'avait reçue m'avait invitée à m'assoir à ses côtés (donc du même côté du comptoir qu'elle), et j'avais été choquée de constater que je pouvais lire sans difficulté tous les dossiers des clients sur lesquels elle était en train de travailler.
Mais bon. La jeune femme était très aimable, j 'avais ouvert mon compte et j'étais partie. Le reste des opérations s'effectuaient entièrement à distance.

Quatre ans plus tard je ne me sers jamais de ce compte. Je n'ai pas davantage confiance dans les banques mais nous ne risquons plus de saisies. A midi je suis donc allée fermer ce compte qui coûte 7,60 euros par mois en frais de fonctionnement (prix de la CB et de différentes assurances, je suppose, sachant que c'est l'un des rares comptes qui proposent une rémunération des comptes créditeurs).

Quand je suis entrée, la pièce était vide. Sur le comptoir, un ordinateur, à quatre ans de distance le même désordre de papiers que la dernière fois. Sur l'une des tables basses, un ordinateur portable et un blackberry. Murs orange, lumière et silence.
J'ai dû rester seule trois minutes, le temps de filmer l'agence vide avec mon téléphone.
Cette fois-ci le banquier était un homme. Il a changé de sujet sans changer de sourire quand je lui ai fait remarquer un peu estomaquée que n'importe qui aurait pu emmener l'ordinateur et le téléphone. Il m'a donné l'adresse où envoyer ma demande de fermeture de compte et je suis partie.