Nous avons un (quel est le mot? camarade de classe? de cours? coreligionnaire?) qui est parti en "Guinée forestière" (j'aime beaucoup, ça fait Marsupilami), à l'origine deux semaines pour étudier la situation, et finalement huit semaines le temps de mettre en place des structures d'urgence (il est médecin).

Discussion autour d'une bière avant le cours d'histoire. C'est la panique, il a dû convaincre une agence bancaire de ne pas fermer, personne ne veut partir là-bas, les ONG n'ont jamais vu ça :
— Alors que pour Haïti, il y en avait presque trop, elles se disputaient entre elles.
— Tu es spécialisé dans l'urgence? Dis-moi, comment ont-ils fait, après le tsunami? Les images étaient très impressionnantes.
— Oh, un tsunami, c'est particulier, il y a peu "d'urgences", très peu de blessés, c'est blanc ou noir, vivant ou mort. Ils ont creusé des fosses pour les cadavres.

Ebola: les guérisons spontanées sont de l'ordre de 20%, avec soins 45%, avec centre médical établi, 60%. Un Européen en forme qui se surveille et détecte très tôt la maladie a 80% de chances de guérir.

— Donc si tu te mets à éternuer, on se précipite aux abris ?
— Surtout si je me mets à avoir le hoquet !
— Le hoquet? une maladie qui spasme le diaphragme ?!!

Hervé à qui j'ai raconté cela n'a pas trouvé cela drôle:
— J'espère que tu ne l'as pas approché, si j'attrape Ebola, je suis mort.
(Je suis toujours estomaquée par son égocentrisme assumé. Que j'attrape Ebola n'a pas l'air de l'inquiéter une seconde. C'est formidable (sens premier) d'étaler ainsi sa préoccupation première. Sous un certain angle, je l'admire. Quelle franchise, quelle non-peur de blesser. Et dire qu'on me reproche d'être brutale.)
— Bah, il prenait sa bière à côté de moi.

(Oui, parce qu'il faut s'y faire, d'un autre côté, moi ça m'amuse.)