Dans le RER silencieux qui glisse dans la nuit, deux jeunes enfants noirs chantent derrière moi, en modulant sur des rythmes de blues (c'est ainsi que je sais qu'ils sont noirs, c'est inimitable):
Dieu est ici, il est vivan-ant,
Dieu est ici, il est vivant.

Personne ne bronche, le silence est religieux, les voix aigrelettes mais bien posées. Tous supportent patiemment, vaillamment, et cela me donne le courage d'en faire autant. J'admire le stoïcisme de mes voisins.
En me levant pour quitter le RER, je vois qu'il s'agit de deux fillettes de cinq et six ans environ.
J'ai calculé qu'à quinze secondes la ritournelle et vingt minutes de trajet, nous avions entendu quatre-vingt fois les deux phrases. Bon courage à ceux qui poursuivaient le voyage.