Samedi

TG sur les hérétiques du XIe et XIIe siècles. Je crains l'histoire, car contrairement à ce que je pensais à l'école primaire, elle change sans arrêt. Je n'ai jamais vu une matière dont les conclusions soient aussi souvent remises en cause.
Bref, aujourd'hui, nous en sommes à "c'est l'orthodoxie qui crée les hérétiques". Autrement dit, les hérésies vaudoises, cathares et autres ne remettaient pas en cause les canons de la foi, mais l'Eglise. Ils sont/seraient les conséquences de la réforme grégorienne. C'est très intéressant et pose beaucoup de questions à la fois sur la réalité de ce qui s'est passé (le saura-t-on jamais, pouvons-nous quoi qu'il en soit comprendre ce qui se passe dans une société?) et les volontés ou désirs des chercheurs parvenus à ces conclusions. Je ne peux m'empêcher de me demander ce qu'on dira dans trente ans. Y a-t-il un moment où ce genre de recherches se stabilisent? Le moindre parchemin peut tout jeter à bas (ce qui est vrai également en exégèse).

Très étonnamment, l'un d'entre nous s'emballe dans une dénonciation de l'Inquisition alors que le prof expliquait qu'il s'agissait d'un changement de modèle juridique, passant de la procédure accusatoire à la procédure inquisitoire (recherche de la vérité par le juge). Notre coreligionaire parle cinq minutes dans un silence amusé puis ennuyé. Le prof est très embarrassé.

En attendant Hervé, je lis debout à La Procure quasi l'intégralité de Des milliers de places vides. Une réelle enquête d'archiviste menée par un directeur d'école auteur de romans policiers (la vigueur de son style prouve son habitude d'écrire).

Tout Aristote pour environ soixante euros (plus de deux mille pages en papier bible). Non, je ne le lirai jamais. Je feuillette la Somme thomiste en bilingue et me rabats sur La «Somme» de Saint Thomas de Torrell et le Chenu sur le même sujet en point Seuil. Je prends Le Christianisme comme style car ce titre m'a proprement enchanté quand je l'ai entendu pour la première fois il y a une semaine.

Il pleut, je n'ai pas de parapluie. Hervé arrive. Déjeuner, courses (de Noël). Night Call avec des amis. Glaçant.
Dîner, souvenirs et éclats de rire.

Enquete

Les questions sont ici.

Réponses apportées le 18 décembre 2014.

1/ Oui, même si ça demande beaucoup de temps car je ne suis pas très organisée. L'obstination n'empêche pas la proscratination.

2/ Oui. J'ai facilement l'impression que la réalité m'échappe, que je me trompe de réalité: quand une personne est en retard (est-ce le bon jour, n'ai-je pas rêvé, etc), quand un train fonce dans la nuit (ai-je pris le bon train, suis-je sur les bons rails), quand personne ne s'insurge contre ce qui me paraît inacceptable (suis-je donc la seule à voir ce que je vois, entendre ce que j'entends); en un mot, une profonde impression du monde comme décor susceptible de changer sans que je sois prévenue que la pièce jouée n'est plus la même.
(Il y avait cette émission à la télévision qui consistait à changer le décor d'un appartement pendant l'absence de son propriétaire: si vous me faites ça, vous serez obligé de m'hospitaliser pour choc nerveux).

3/ Peut-être. Peut-être que oui. Ou peut-être n'est-ce qu'un retour, après une certaine extériorisation, des rencontres, un retour, donc, à la solitude. Mais bien entendu, ce n'est plus la même, ne serait-ce qu'à cause des blogs, de FB, etc.
Et sinon, avec une vingtaine de kilomètres d'aviron par semaine, je gagne en force.
Et je dors moins (je ne sais pourquoi, cela a peut-être à voir avec le point précédent).

4/ Question difficile, oui et non me semblent également vrai. Non parce que je n'attends pas grand chose et que je reçois tant (c'est incroyable la chance que j'ai); oui parce que… je ne sais pas, parce qu'on m'a menti, il n'y a ni lutin, ni fée, parce que les méchants gagnent et ne sont pas punis et que je ne m'y habitue pas.

5/ Oui s'il s'agit de rester chez soi, non si c'est pour tenir un intérieur impeccable! (J'admire Mrs Dalloway, mais l'idée de devoir accomplir ce qu'elle accomplit me panique complètement: je suis incapable de "gouverner mon intérieur", d'organiser un simple dîner… cela ne m'intéresse pas.)
Une chose est sûre : une maison est comme un enfant supplémentaire, il faut s'en occuper, sinon elle tourne au chaos, et c'est bien difficile en étant salarié.

6/ Oui, les sièges baquets de la Fiat 124 de mes parents. Jaune vif, moteur à l'avant.

7/ Pas de musique, des habitués au comptoir. Mais quel que soit le café, l'important est de devenir soi-même un habitué, avoir une tête reconnue.

8/ J'éprouve de l'admiration pour les gens qui gardent leur calme dans les situations énervantes. Donc , par exemple.

9/ Qu'est-ce que ça veut dire ? J'ai une conscience aiguë du bien commun, de l'intérêt général, donc je pense que je dois répondre oui.

10/ Il ne varie pas selon les saisons mais selon les vacances scolaires (je me traîne mollement le matin si je n'ai pas les enfants à emmener au RER), ce qui revient presqu'au même, mais pas tout à fait.
Les billets et commentaires du blog Alice du fromage sont utilisables sous licence Creatives Commons : citation de la source, pas d'utilisation commerciale ni de modification.