En ratant le cours il y a un mois, j'ai raté l'introduction à l'évangile de Pierre, un apocryphe dont je crois comprendre durant ce cours-ci que nous n'en possédons que des fragments en grec mais l'intégralité en éthiopien.
J'aimerais pouvoir expliquer l'abîme de perplexité dans lequel cela me plonge: quel est l'alphabet éthiopien? Comment sait-on ce que veulent dire les mots éthiopien du deuxième siècle? Comment est-il possible de traduire?

Traduire le grec est un grand émerveillement, j'ai l'impression d'introduire la pointe d'un couteau dans la jointure entre deux os, entre le sens et la langue, de sentir le jeu, le vide, le suspens. Tout texte traduit par soi-même prend un nouveau sens, une nouvelle réalité, au fur à mesure des mots dévoilés.
La professeur commente les points de grammaire, le vocabulaire, avec des remarques dont je me souviendrais sans doute:
— Les verbes de perception sont toujours suivis du génitif, le grec part du principe qu'on ne perçoit qu'une partie de la sensation, sauf pour la vision, qui est pour eux le sens le plus complet.
— Quand je vois les disputes entre exégètes sur le thème "les amis autour de Pierre, mais alors, ça veut dire que Pierre n'en fait pas partie", ils auraient dû faire un peu plus de grammaire grecque, "oi peri Petrou", c'est Pierre et ses amis, c'est la façon de dire Pierre et ses amis".
— "Mathetria", vous ne voyez pas ce que ça veut dire? Vous voulez être condamnée à lire la littérature féministe sur le thème? Bon, oui, disciples, c'est un peu dommage que ce soit un épicène en français.

La description de la résurrection dans cet évangile fait très manga, avec croix lumineuse qui parle et suit Jésus soutenu par deux hommes (la tête des hommes touche les cieux, celle de Jésus les dépasse). Je me dis que les textes retenus pour le canon ont peut-être été choisis pour leur sobriété; ils décrivent l'absence, le creux.

Hérésie valentinienne (il y a eu une hérésie valentinienne?), livre de Barthélémy (en réponse à la question: «quelle est la plus ancienne description de descente aux enfers?» Réponse donnée tout à trac, à vérifier à l'occasion).