Lundi soir, O. :
— Maman, j'ai une bonne et une mauvaise nouvelle, demain soir, j'ai audition de flûte à 20 heures. Et mercredi, il faut que je sois à sept heures et demie à Arcueil pour les olympiades de maths.
— Ah? Et tu as TPE l'après-midi?
— Oui.

Mardi soir, donc, audition de flûte entre huit et neuf heures.
Nous rentrons (décapotés!). Durant le dîner, l'interrogation du site Navigo nous apprend qu'il faudra prendre le RER de 6h28, donc partir de la maison à 6h15.
— Mais comment avais-tu fait, toi? demandé-je à C. Je ne m'en souviens absolument pas.
— J'avais dû dormir chez Nicolas.
Alors O. : — J'aurais dû demander à Paul.
Moi : — Si tu nous parlais de ton emploi du temps un peu plus tôt, on pourrait trouver des solutions.

Pendant ce temps-là, gestion d'un autre problème: O. voudrait un cordon de raccordement VGA pour le vieux Mac d'un camarade. O. pensait que c'était standard et que nous en aurions forcément un; ce n'est pas standard et celui qui convient est parti à Lisieux avec A. Or c'est sur ce Mac que son groupe doit présenter demain le powerpoint de leur TPE, épreuve du bac.
— Mais enfin, avec tous les weeks-ends que vous avez passés à préparer ce truc, vous n'avez jamais vérifié ça?
— Je pensais que c'était standard.
Je soupire. Ces enfants n'ont aucune méfiance, ni informatique, ni karmique, ni Murphique.
Plan de bataille, C. prête son ordinateur, se fait envoyer le fichier pour vérifier au moins une fois qu'il n'y a pas de bug quand on change de version de logiciel, etc., tout ça dans l'urgence, il est onze heures passées.

Préparation du sac, vérification du matériel pour les maths, pour le TPE, je réussis à mettre O. au lit et je m'endors comme une masse.

Minuit et demie. O. me secoue:
— Maman, j'ai mal à une dent, je ne peux pas dormir.
— Comment ça, tu ne peux pas dormir? Tu n'as pas dormi depuis que tu t'es couché?
— Non.
— Mais pourquoi tu n'es pas venu voir papa?
H. a programmé tard dans la soirée. En réalité, je pense que O. s'est endormi et vient de se réveiller mais qu'il n'en a pas conscience.
Je panique, je m'énerve. Depuis que O. m'a réveillée un matin à six heures en me disant «je me sens mourant», je suis habitée par le remords de n'avoir rien vu venir. Et s'il avait vraiment mal à une dent? Comment fera-t-il demain? Et cette nuit? Nous avons si peu de médicaments. Un ibuprophène, un cachet de lisopaïne pour son côté anesthésiant local, je l'envoie se recoucher en lui disant que c'est sans doute nerveux (ce que j'espère).
Mais je ne peux pas me rendormir. Je l'imagine avoir mal seul dans son lit et c'est insupportable. Alors je me relève, allume la lumière dans la chambre à côté de la sienne afin qu'il la voit et ne se sente pas seul et fait du grec tard dans la nuit (au lieu de tôt le matin comme je l'avais prévu). C'est étrange, L'Apocalypse, à la fois facile et de syntaxe étrange, je ne comprends pas comment il peut y avoir autant de nominatifs dans une phrase. Des sujets de relatives élidées?
Je me couche à trois heures et demie, dans la chambre voisine O. respire calmement.