- Rendez-vous à neuf heures pour passer l'aviron d'or (lorsque j'avais entendu parler de cela la première fois j'avais commenté ironiquement «j'ai passé l'âge de passer des étoiles». Mais la hiérarchie instaurée entre ceux qui jouent le jeu et ceux qui ne le jouent pas me pousse à passer ce brevet: comme toujours, il est désagréable de se voir supplanté (ici dans l'attribution des bateaux) par ceux qui ont un bout de papier quand on se sait plus compétent qu'eux).
J'ai choisi cette heure poussée par Nathalie qui devait le passer à la même heure, mais elle n'est pas là, et quand plus tard je la croiserai et lui dirai «je croyais que tu devais le passer ce matin», elle me répondra d'un air dégagé «eh bien non», ce qui n'est pas grave mais toujours désagréable.
Bref : je n'ai pas eu à me mettre à l'eau (savoir remonter dans le skiff fait partie des techniques à maîtriser) mais Vincent ne me donnera l'aviron d'or qu'en septembre, quand j'aurai ramé un certain nombre de kilomètres : «A la rentrée pense à ta gueule, je me passerai de toi pour encadrer, sors en skiff et je te le donnerai, on voit que tu as ramé quand tu étais petite, ton mouvement est parfait mais tu manques d'assurance».
Comme avait commenté un rameur, «le passage des brevets, c'est surtout l'occasion pour Vincent de passer une heure avec toi en cours particulier.»

- Onze heures. Je sors à peine de mon skiff que Vincent me remet en yolette avec Jean-Marc qui est bien plus causant que lundi dernier, sans doute parce qu'il vient de me voir ramer en skiff.

- Une heure. Je commence à être fatiguée. Barbecue et papotages. Jean-Marc se propose comme barreur le jour où nous aurons notre huit de dames pour Angers, Vincent rit: «il faudra déjà que vous soyez douze filles». Toujours la même incrédulité. Mais si huit est trouvable, douze est plus difficilement envisageable (il faut être douze pour être sûr d'être toujours huit. Ce n'est pas comme en sport co où l'on peut s'entraîner s'il manque un joueur).
«J'ai goûté la Villaine pour savoir si elle est salée à la Roche Bernard.
— Alors?
— Non.
— Le point de limite de salure des eaux a été arrêté par un décret de Napoléon. Il est déterminé au point de plus grande marée.»

- Deux heures et demie. Une liste de tâches a été établie, les équipes sont constituées, au boulot : il s'agit de nettoyer, remplacer, régler, démousser, revisser, peindre, avant la fermeture du club pour trois semaines. A cinq heures j'en ai marre.

- Six heures. Chez Ladurée. J'achète quarante-neuf macarons («Bizarre», commente de son accent anglais le caissier interloqué) pour quarante-neuf ans, puis prends un café liégeois au salon de thé (j'adore leur café). Hervé me rejoint. Nous soufflons un peu. A. au téléphone: «Je n'ai pas le temps de discuter, il faut que j'aille pailler les cochons d'Inde». L'excuse me paraît étrange, remplacer la paille d'une cage à cochons d'Inde ne me paraît ni si urgent ni si long: «Comment ça, pailler les cochons d'Inde? Il y en a combien? — Trois cents.» Ah, OK.

- Sept heures et demie. Rendez-vous au restaurant près des Invalides pour un anniversaire.

- Onze heures moins le quart. Rendez-vous gare de l'Est pour récupérer O. qui rentre de camp, bronzé et heureux.