C'est l'histoire d'un lion abattu par un Américain. J'ai vu passer l'histoire il y a deux ou trois jours. Le lion a été attiré hors de la réserve où il vivait protégé, blessé à l'arc puis traqué et achevé quarante heures plus tard.
Ce braconnage ou brigandage a coûté cinquante mille dollars à l'Américain (tout cela reste à confirmer tout en étant considéré comme sûr: le nom de l'Américain a été dévoilé ainsi que son adresse). Les deux autochtones qui l'ont aidé ont été arrêtés, quant à lui, nul ne sait où il est (et heureusement pour lui, je pense).

J'ai donc vu passer cela sur FB sans doute chez une amie qui relaie énormément d'informations sur la vie animale (notamment la protection des chevaux sauvages en Amérique).

L'étrange, c'est que cela s'est emballé. Fatigués de la Grèce, de Daech, de l'Ukraine? Heureux de trouver enfin un coupable identifié, identifiable, pour un crime aux contours nets, l'illustration sans appel que l'argent permet de se penser au-dessus des lois1? Pour l'opinion publique occidentale, en quelques heures, cet Américain est devenu LE salaud emblématique (c'est tout au moins un connard dans les grandes largeurs).

C'est alors que certains, par conviction ou snobisme (ne pas hurler avec la foule peut s'interpréter de ces deux points de vue), ont commencé à dénoncer le "lynchage"2 médiatique, regrettant qu'on ne parle pas de sujets plus graves concernant l'Afrique (sachant que j'ai rarement vu chez eux quoi que ce soit en relation avec l'Afrique).

Bref, cette histoire est une sorte de parabole exemplaire (paradigme?) de ce que peut devenir un fait divers sur FB et les "réseaux sociaux" (entre guillemets, car ceux qui utilisent cette expression affectée me font rire).



PS : Sachant que mon ancien chef partait en safari3 (il conservait des cartouches gros calibres sur le bord de son bureau), aurait-il été susceptible d'une telle infamie? Je me le demande.



Note
1 : En France, au même moment, le roi d'Arabie privatisait une portion de plage publique avec l'approbation du préfet et demandait qu'aucune femme (CRS) ne fasse partie des agents chargés de sa sécurité. A-t-il payé pour cela? Ce serait du même ordre (tout s'achète, retour des privilèges, il n'y a pas égalité devant la loi (au moins, dans l'affaire Cecil, la loi n'a pas plié, elle a été violée)), ou pire, n'a-t-il pas payé, n'est-ce que bassesse du gouvernement? Nous n'en savons rien.

2 : Cela atteint de telles proportions que je commence à craindre pour sa vie s'il est découvert. On dirait des ayatollahs à la poursuite de Rushdie.

3 : Car tuer est légal dans certains lieux, qu'il s'agisse d'élevage à cette fin ou de régulation des populations.