Hervé est contre la conduite accompagnée. Un de ses cousins a eu la jambe réduite en miettes1 dans un accident et un ami de son père y a perdu sa femme2.
Au moment de prendre la voiture (nous partons à deux voitures car H. reste ensuite à Tours), je lui dis:
— Si je meurs, tu as le droit d'écrire sur ma tombe «Je te l'avais bien dit» ou «Tu vois, j'avais raison».
— Si tu meurs, je te réduis en cendres.
Sur le coup, je pense qu'il s'est trompé, qu'il veut dire que tel Zeus il foudroiera O. de sa colère. Il me faut quelques secondes pour comprendre qu'en fait il parle de m'incinérer.
— Ah bon, tu feras ça?

Ça alors, je n'y avais jamais pensé.

Au cours du week-end, je reviendrai sur le sujet et ma sœur nous déclare que la concernant, elle a tout prévu, tout est écrit et conservé dans un tiroir.
Ah.

Au retour j'en discute avec O. (en lui précisant que mon seul souhait, c'est qu'ils fassent la même chose pour les deux: si H. m'incinère, ils incinèrent H.; si j'enterre H, ils m'enterrent avec lui).
— Mais enfin, tu sais bien qu'il ne fera pas ça!
— Hum, pas sûr, et pas pour les raisons que tu crois. Tu oublies qu'il s'occupe de gestion de cimetières et qu'il ne les voit pas de la même façon que nous. Aujourd'hui il y a un problème de place. Les corps ne se décomposent plus très vite et nous sommes très nombreux. On manque de place dans les cimetières.


Notes
1 : heureusement il marche aujourd'hui sans séquelle.
2 : en d'autres termes, le fils a tué sa mère.