L'ordinateur étant enfin arrivé, nous avons fêté à nouveau l'anniversaire de A. (avec un gâteau, des bougies, la totale).
Puis je me suis zonée devant Le Labyrinthe emprunté au CE (on dirait une histoire de Signe de Piste) tout en surfant dans les fils RSS de la semaine (parce que le film ne nécessite pas tous mes neurones). Vers 23 heures, je lis un statut de Pascal disant à peu près «Putain, obligé de téléphoner aux enfants pour savoir s'ils sont en vie», et cela ressemble tant à un reproche de ma famille quand je n'ai pas donné de nouvelles depuis longtemps (sauf qu'eux ne téléphoneraient pas) que je m'apprête à répondre ironiquement quand cette bizarrerie m'arrête : Pascal n'est pas ma tante, ce n'est pas normal.
Trois clics plus tard, j'ai compris avec effarement qu'il ne parlait pas au figuré.

Je descends chercher mon portable qui a sonné peu avant (serait-ce les enfants?): un sms de ma mère qui me demande si nous allons bien. Je ne réponds pas. Les grands sont quelque part à Paris, chez des amis ou au cinéma. Je suppose qu'il n'y a plus de RER, il faut sans doute aller les chercher.
Je leur envoie un sms pour savoir où ils sont et descends prévenir H.: «allume la radio, regarde internet, sais-tu où sont les enfants?» Le temps qu'il comprenne ce qui se passe et qu'il me réponde, nous entendons la porte d'entrée s'ouvrir. Les grands sont rentrés des Halles sans rien savoir, sans se rendre compte de rien. Le seul commentaire que nous aurons sera: «ah oui, on a vu plein de voitures de policiers passer dans l'autre sens.»

J'envoie un sms rassurant à mes parents et remonte voir la fin de mon film en tâchant de comprendre ce que je lis sur internet, en tâchant de le croire. De minute en minute il y a de plus en plus de morts mais on ne sait pas si les informations sont exactes, je pense à l'assaut de l'école en Tchétchénie, Bataclan, concert de Death Metal, match de foot, terrasse d'un café. Confusion. Hollande, Obama, état d'urgence déclaré, recommandation de rester où l'on est, hashtag #porteouverte pour accueillir les gens errant dans Paris.