En arrivant au bureau, je suis harponnée par Luc, le responsable de l'association sportive: «Venez voir, il y a une dizaine de bouteilles de whisky dans la benne à papier.»

Il faut expliquer que la mutuelle, l'association sportive et l'assistante sociale sont installées dans un monde parallèle: il faut pousser une porte à partir des couloirs principaux, arriver dans un couloir inattendu dont un un bras mort s'interrompt à la photocopieuse et les casiers du courrier tandis que le bras principal, lui aussi en impasse, permet d'accéder à chacune de ses extrémités à l'association et à la mutuelle (l'assistante sociale est entre les deux).

C'est donc un lieu relativement à l'écart (le plus drôle sont les gens qui n'arrivent plus à retrouver la porte pour sortir du couloir) et inconnu. Une benne à papier, — un chariot—, y a été entreposée car l'assistante sociale part à la retraite et vide ses armoires.

Dans la benne, des cartons de rame de papier A4, cartons idéaux pour ranger des livres en cas de déménagement, ce qui est le cas de Luc: il a voulu en récupérer et s'est rendu compte que chaque carton contenait une enveloppe en papier kraft contenant une bouteille de whisky.

Je déballe tout, expose tout. J'essaie d'imaginer ce qui s'est passé, quelqu'un qui part et a vidé ses armoires? Est-ce la consommation d'un seul ou d'un groupe? Pendant quelle durée, un mois, trois ans? (Le dernier déménagement date de 2013, je suppose que les bouteilles ne sont pas antérieures. Ce qui me frappe, c'est l'absurdité du procédé: il suffisait d'en sortir deux le midi, deux le soir, et en trois jours les bouteilles étaient évacuées. Pourquoi avoir pris ce risque puéril?

Luc est inquiet: «on va jaser». Cela me paraît absurde. Ma question est plutôt: prévenir la RH ou pas? Le fait d'exposer les bouteilles devraient nous prémunir contre une récidive. Est-il utile de provoquer du remue-ménage si cela reste une exception?