Chaque fois que nous sommes ensemble, nous en profitons pour mettre à jour notre garde-robe: chaussures (quatre paires!), lingerie, casquette en cuir, chapeau cloche en paille… et antimoustique (ils sont redoutables cette année, ils se sont multipliés avec les intempéries).

Une crêpe chez Mamie Bigoude plus tard (j'ai eu le temps de lire quarante-trois pages de Fantômette brise la glace — nous n'avons pas réussi à avoir le nom de leur décorateur (vers l'Atlantique, nous disent-ils) — je me suis dis que j'allais tapisser mon salon d'affiches de cinéma, comme au bon vieux temps quand nous avions reconstitué la carte d'Europe avec des cartes Michelin sur un mur entier), et nous quittons enfin Tours. Il est quatre heures et demie, je ne sais pas ce que nous allons trouver à Richelieu à cette heure-là.

J'avais tort de m'inquiéter. C'est une ville que je ne connaissais que par une carte postale des Cruchons, et lorsque j'avais vu qu'elle était sur le chemin de La Rochelle (notre but), j'avais insisté pour qu'on s'y arrêtât.
Nous tombons sur la fête biannuelle, les habitants et des comédiens en costumes d'époque, une bonne odeur de crottin (promenades en poney) et de feu de bois (cuisson de jambonneaux à la broche) ajoute à la reconstitution. Nous parcourons les lieux avec ébahissement, je songe que les Cruchons, au moins certains, trouveraient beaucoup à redire à cette animation (dans tous les sens du terme) mais je me laisse porter par le soleil et l'ambiance de kermesse. Tout cela est gai et sbon enfant.
Richelieu en Arts, nous dépensons encore, un Turc rose et une jeune fille bleue. Bourrées sous la Halle, une dame ressemblant à Mme de Merteuil apprend les rudiments de la contredanse aux spectateurs, puis fifres et tambours.

Nous quittons Richelieu, il est sept heures et demie, je veux passer par Loudun à cause des sorcières et d'Huxley. Mais pas de trace dans la ville pour le peu que nous en avons vu.
Plus tard nous arrivons en face du château de Thouard, par delà la vallée. Magnifique vision, mais il est trop tard. Le soleil descend, Hervé s'amuse avec sa nouvelle voiture (le régulateur de visite qui ralentit de lui-même quand la voiture approche d'une autre, ou redresse quand nous ne sommes plus exactement entre les lignes sur la chaussée).

Nous avons réglé Waze pour trouver l'hôtel, avec stupéfaction nous bifurquons avant Niort pour nous enfoncer dans la zone industrielle, immeuble de la Maaf, Decathlon, ou sommes-nous? J'ai l'impression de certains soirs aux Etats-Unis dans les zones urbaines, nous tournons encore, immeuble du RSI, une allée, un hôtel "de charme" ici? (non, c'est la chambre qui est "de charme").
Nous découvrons à l'abri de murs une maison de la région transformée en hôtel, avec une jolie piscine ronde. Tranquille et inattendue.

Dîner à Niort, la place de la Brèche est transformée, Hervé ne reconnaît rien. La Villa, restaurant sympathique qui bizarrement nous oublie à partir de onze heures: il faut réclamer le dessert, réclamer l'addition, réclamer de payer… Nous perdons une demie-heure de sommeil, c'est agaçant, dommage, tout était parfait.