Le thème de cette année est "De l'avantage de lire en grec" : il s'agit de se rapprocher des mots et de leurs racines (sous-entendu: de s'éloigner des traductions auxquelles nous sommes habitués — c'est tout l'enjeu de traduire des textes que nous connaissons par cœur : leur redonner une fraîcheur perdue).

Aujourd'hui nous avons étudié "Le fils prodigue" (Luc 15, 11-32). Je vous livre quelques remarques de cours (sans utiliser l'alphabet grec que mon blog ne permet pas).

(Auparavant, un commentaire sur Luc 15, 8-10, "la drachme perdue": c'est le seul endroit du nouveau testament où cette unité de valeur, la drachme, est utilisée. C'est sans doute un reste du passage des Grecs, un mot qui date de l'époque de Jésus. A l'époque de la rédaction des évangiles, on utilisait "denier" (on trouve aussi talents)).

Luc 15, 15. kollao : traduit ici par "s'engager auprès de" (trouver un emploi). Vient de coller, glu, verbe très fort. Certains exégètes contemporains en ont tiré parti pour émettre des hypothèses sur les relations entre le fils prodigue et son employeur.

Luc 15, 16. to keration : la graine de caroube : a donné carat.

Luc 15, 18. amartano : littéralement, rater sa cible; d'où moralement, rater son but; d'où pécher.

Luc 15, 20. splagcvizomai : remuer par les sentiments. Pour les Grecs, splagxa, c'est les entrailles. Dans Homère, ce sont les entrailles des bœufs du soleil que font rôtir les compagnons d'Ulysse. Alors que pour les Hébreux, le ventre, c'est plutôt celui de l'amour, la mère, la terre. Ici, il a fallu trouver un terme grec pour traduire une notion hébreue.

Luc 15, 23. thuo : sacrifier. Le sens a glissé pour devenir tuer. On sait que ce mot avait un contexte sacré car thus, c'est l'encens.

Ajoutons que Diogène ne vivait pas dans un tonneau («car le tonneau, c'est grec») mais dans une amphore.


Ces quelques notes pour essayer de rendre compte de l'atmosphère de ces deux heures mensuelles, qui sont une source de joie renouvelée.