Double Sofia avec Philippe. Il fait très beau et très froid, si froid que nous transpirons à peine. Les doigts se réchauffent lentement. J'ai essayé les moufles, mais cela emprisonne les mains et je ne me sens pas rassurée en bateau court de ne pas avoir ma liberté de mouvement. J'essaierai en quatre. Les yeux pleurent contre le vent du nord. Dès que je suis avec quelqu'un qui ne m'impressionne pas, je rame mieux. Bateau plus équilibré.

Journée sans aspérité. Je décris tout ce que je fais en tenant une chronologie annuelle (savoir dans quel ordre enchaîner les tâches au moment de la clôture est précieux) dans l'idée de laisser mon poste dans un an. Cela ne sera sans doute jamais lu, mais sait-on jamais. Nous avons découvert un dysfonctionnement exaspérant : si la sécurité sociale envoie un flux au gestionnaire de prestations1 et que celui-ci n'a pas de RIB pour rembourser ce qu'il doit, il ne fait… rien. Pas de demande de RIB, rien. Si l'affilié ne s'inquiète pas, il n'est jamais remboursé. Comment cela est-il justifié en comptabilité? Cela passe-t-il en pertes et profits au bout de deux ans? Ou cela n'atteint-il jamais la comptabilité, restant coincé au niveau de la technique?
Je déteste ces no man's land des circuits technico-informatiques. Il faut un hasard pour les découvrir.
Et nous découvrons tant de choses par hasard, parce que quelqu'un pose une question innocente, que j'ai l'impression vertigineuse qu'il y a des erreurs de tous côtés. Quelle était la citation? «Cela nous submerge. Nous l’organisons. Cela tombe en morceaux. Nous l’organisons de nouveau et tombons nous-mêmes en morceaux.»

Je récupère la voiture gare de Lyon. J'en profite pour acheter trois répertoires à la librairie au coin du parking, des Clairefontaine référence 9609C, mes préférés difficiles à trouver.

Note
1 : le règlement des prestations est délégué à un prestataire.