J'ai beaucoup entendu : «le mal de dos, c'est psychosomatique. J'en ai plein le dos, ça veut dire ce que ça veut dire».

Certes. Mais cela restait obscur. Autant je comprends une baisse des défenses immunitaires en cas de fatigue, de relâchement de la tension ou de l'attention (le célèbre rhume au début de chaque période de vacances), autant je ne voyais pas en quoi les soucis ou l'inquiétude pouvaient attaquer les muscles du dos.

Séances de kiné, nous papotons:
— Le soir, ça va, c'est le matin que tout est grippé. J'en suis venue à me dire qu'il ne fallait plus dormir.
— C'est le stress. Vous serrez les dents dans votre sommeil. Ça transmet la tension à toute la chaîne.
Il reprend : — Il est où, le bout de votre langue, au repos?
— Euh… (je réfléchis. In petto, je me souviens que j'ai eu son nom via un kiné "méthode Mézière": il n'avait plus de place et m'avait donné le nom de celui-là. Ce qu'il fait me rappelle tant les livres de Thérèse Bertherat.) Sur le haut de mes dents du bas.
— Normalement, la langue ne doit pas toucher les dents. Le bout doit reposer sur l'espace plat du palais devant les incisives du haut. Quand vous ramez, vérifiez comment sont vos dents ou votre langue. Il n'est pas nécessaire de les serrer, ça fatigue pour rien.

Où est ma langue quand je rame? En voilà une étrange question. Aucune idée.
Il me donne des exercices pour détendre les muscles des joues, masser le muscle à l'arrière des oreilles. Il parle d'ATM, je ne lui demande pas ce que c'est.
Il me rassure sur mon dos (car j'ai mal depuis jeudi, depuis que j'ai ramé. Je n'ose pas le dire, j'ai peur de me faire gronder à la maison): il n'y a rien, "la posture du bassin n'est pas touchée".

Je ressors désarçonnée. Cela voudrait-il dire que j'ai été profondément sous tension en mars? Ou depuis le début de l'année? Mais cela n'a pas de sens, je subis bien moins de stress que lorsque les enfants étaient petits, ou lorsque j'avais un entourage professionnel mortifère. Ou alors je suis devenue moins résistante du fait justement d'une vie plus douce; les départs d'Aurélie et d'Hubert m'affectent-il bien plus profondément que je ne veux l'admettre? Ou est-ce la perspective de refaire de la compétition après tout ce temps qui m'a terrorisée? (ça, c'est bien possible (smiley)).
Bizarre, bizarre. Mais j'ai encore fait un cauchemar cette nuit, de ceux où l'on allume et lit un peu pour oublier.