Ce soir Antoine était de retour. Il nous a raconté la dernière semaine de sa femme : elle a dormi toute la semaine, il est resté avec elle vingt-quatre heures sur vingt-quatre.
Puis l'équipe médicale est venue lui dire qu'il était possible que sa femme s'abstienne de mourir parce qu'il était là : il était sans doute souhaitable qu'il la laisse pour lui donner la possibilité de lâcher prise.
Il est allé se promener avec la sœur jumelle de sa femme et un ami.
Quand il est revenu, sa femme était morte.

Et je me suis souvenu du désespoir de Danièle il y a quelques années : «Tu te rends compte, je l'ai veillé jour et nuit, et il est mort pendant que j'étais à la machine à café.»

Et d'un autre témoignage en ce sens, encore.

Ainsi donc ce que je pensais un hasard malheureux relèverait d'un dernier acte délibéré.
Ça renverse toute la perspective.