Ce soir, A. nous envoie une photo d'elle en toge, sourire jusqu'aux oreilles.

Qu'est-ce que c'est que ça? Elle a pourtant échoué aux épreuves et doit repasser en septembre?

J'appelle. Elle a eu mention bien à son mémoire soutenu le matin-même. Le directeur l'a croisée et l'a autorisée à se mettre en toge avec les autres — même non diplômée.

Je suis furieuse de frustration. Donc d'une part notre fille n'a pas son diplôme, d'autre part elle a eu droit à la remise de diplôme en notre absence. Quelle est la fonction d'une remise de diplôme si ce n'est de permettre à l'ensemble de la famille et des amis de se réjouir?
Donc elle n'a pas eu son diplôme et elle a eu le cérémonial de diplôme, mais en notre absence. Quelle sorte de directeur et de direction est-ce donc?
(Avouons que je me demande si ma requête mardi de rencontrer le directeur n'est pas à l'origine de cette soudaine mansuétude. Un moment j'avais pensé que cela lui ferait suffisamment peur pour qu'il accorde son diplôme à A.: eh non. Pas tout à fait mais presque).)


Et elle, en toute innocence, de nous envoyer la photo.
J'ai appelé pour comprendre. Et j'ai pêté un cable. Quand devant ma frustration elle a dit qu'elle n'y était pour rien, j'ai fait la liste de ce que nous avions à lui reprocher: quatre ans à ne rien faire, l'année dernière au mois de mai un mail pour nous dire qu'elle allait peut-être redoubler, depuis l'été un marquage à la culotte pour qu'elle effectue ses stages (avec un arrêt de ses efforts chaque fois que nous arrêtions la surveillance), le lapin adopté sans nous en avertir alors que nous lui avions repris son chat justement pour qu'elle puisse se consacrer à son travail et son intérieur, l'appartement dans un tel état qu'un de ses frères et son père ne veulent plus lui parler…

Hervé envisage qu'à partir de la rentrée, l'argent ne soit plus donné, mais prêté: «Il n'y a que ça qui compte, ça va peut-être la motiver».
Ça me paraît brutal, mais c'est peut-être juste.