Réunion préparatoire de catéchisme pour cette année. C'est la deuxième réunion après celle de juillet et je n'en sors pas plus avancée: nous n'avons toujours aucune date de rencontres avec les enfants.

«Il y a des parents qui n'étaient pas contents, mais moi je dis, Jésus n'était pas pressé. Il faut que chacun s'exprime, et c'est vous qui devez dire les horaires qui vous conviennent.»
J'essaie de faire intervenir un principe de réalité: «Certes, mais une fois qu'on a pris en compte le calendrier scolaire (les dates de vacances) et le calendrier liturgique (les grandes fêtes, Pâques, l'Ascencion, la Pentecôte) et les différents rituels (mariage, baptême, première communion, profession de foi), le calendrier se déduit de lui-même.»
Mais elle reste sur son idée.

Deux réunions, trois heures, et je n'ai toujours pas de dates — sauf celle d'une autre réunion, avec les prêtres cette fois. J'espère qu'ils auront davantage de sens pratique.

Je repars déprimée: tandis qu'une maman catéchiste émettait l'idée qu'«il fallait se mettre à la hauteur des enfants», j'ai fait l'erreur de répondre que je ne voyais pas les choses comme ça, que j'essayais à l'inverse d'élever les enfants, que j'expliquais beaucoup, que les enfants s'ennuyaient à la messe parce qu'ils ne comprenaient pas, qu'il leur manquait beaucoup de vocabulaire et que par exemple ils n'apprenaient plus le passé simple.
Qu'avais-je osé dire ? Je me suis vu rétorquer quasi avec fureur qu'on pouvait très bien comprendre en étant sénégalais ou italien (What? Quel rapport?), que les enfants ne s'ennuyaient pas et que nous n'étions pas des instituteurs. (Je me suis abstenue de répondre que j'essayais de donner plus qu'instituteur: j'essaie de faire des liens, de donner des pistes pour décrypter ce monde incompréhensible, mais aussi d'apporter de la culture gé, parce qu'être chrétien, ce n'est pas vivre dans un monde à part, mais vivre au milieu du monde.)

J'ai abandonné. Dans quel monde vivent-elles, quel est ce monde où les enfants ne s'ennuient pas à la messe? Certes, je ne m'ennuyais pas à la messe, mais moi, j'écoutais, et ça ne fait pas si longtemps (trois ans?) que je ne m'ennuie plus durant la prière eucharistique: depuis que j'en ai compris l'origine et la transmission, depuis que je suis fascinée par son enracinement dans une longue tradition et que j'ai l'impression d'être absorbée, de me réabsorber, dans une longue lignée de croyants avant et après moi, depuis que j'ai l'impression d'être un maillon insignifiant et indispensable dans un grand tout.

Je suis rentrée à la maison entre déprime et colère. (Pas très chrétien tout ça.)