Bon anniversaire Tlön.


Il m'a dit un jour: «Tout ce que nous avons à apprendre à nos enfants, c'est le Décalogue. Le reste…» (Suivait un geste qui signifiait à peu près qu'avec ce bagage minimum mais indispensable, il serait toujours possible ou nécessaire de s'adapter aux circonstances).


Voici donc le Décalogue, commenté pour l'adapter à nos temps païens. Les trois premiers commandements ne parlent plus qu'à une poignée de nos contemporains. Les autres sont intemporels.

Voici le texte de l'Exode selon la traduction de Louis Segond (Ex 20,2-17) :
20.2 Je suis l'Éternel, ton Dieu, qui t'ai fait sortir du pays d'Égypte, de la maison de servitude.
20.3 Tu n'auras pas d'autres dieux face à moi.
C'est sans doute ce qui a le plus évolué en six mille ans, et surtout depuis deux cents ans, surtout depuis soixante ans. Disons: si tu crois en un Dieu, loue-le, prie-le, mais n'oblige personne à en faire autant. Défends ton droit à continuer à croire au Dieu qui est le tien. Si tu n'y crois pas, accepte de ne pas comprendre ceux qui croient et respectent leur foi tant qu'elle n'est imposée à personne.

20.4 Tu ne te feras point d'image taillée, ni de représentation quelconque des choses qui sont en haut dans les cieux, qui sont en bas sur la terre, et qui sont dans les eaux plus bas que la terre.
20.5 Tu ne te prosterneras pas devant d'autres dieux que moi, et tu ne les serviras point ; car moi, l'Éternel, ton Dieu, je suis un Dieu jaloux, qui punis l'iniquité des pères sur les enfants jusqu'à la troisième et la quatrième génération de ceux qui me haïssent
20.6 et qui fais miséricorde jusqu'en mille générations à ceux qui m'aiment et qui gardent mes commandements.
Là encore ça ne concerne que les croyants : sache discerner entre Dieu (ton Dieu) et les idôles (les dieux que tu te fabriques toi-même. En Europe aujourd'hui, cela pourrait constituer une mise en garde contre le matérialisme et le consumérisme.)

20.7 Tu n'invoqueras point le nom de l'Éternel, ton Dieu, en vain ; car l'Éternel ne laissera point impuni celui qui invoque son nom en vain.
Pas de petit jeu du genre «si Tu fais ceci, alors je croirai en Toi; si Tu ne fais pas cela, je ne croirai plus. Dieu ne se marchande pas (mais cela n'a de sens que pour ceux qui ont la foi ou la notion de ce qu'est la foi.)

20.8 Souviens-toi du jour du repos, pour le sanctifier.
20.9 Tu travailleras six jours, et tu feras tout ton ouvrage.
20.10 Mais le septième jour est le jour du repos de l'Éternel, ton Dieu : tu ne feras aucun ouvrage, ni toi, ni ton fils, ni ta fille, ni ton serviteur, ni ta servante, ni ton bétail, ni l'étranger qui est dans tes portes.
20.11 Car en six jours l'Éternel a fait les cieux, la terre et la mer, et tout ce qui y est contenu, et il s'est reposé le septième jour : C'est pourquoi l'Éternel a béni le jour du repos et l'a sanctifié.
Prends l'habitude de ne pas penser à ton travail ou tes préoccupations un jour par semaine. Aie conscience du temps qui passe; un jour par semaine prends le temps de regarder le ciel, de parler à ta famille, à tes amis, à des inconnus. (Ne consulte pas ton téléphone si une personne est dans la pièce.) Cela t'empêchera de te prendre trop au sérieux. Décentre-toi. Une fois par semaine au moins.

20.12 Honore ton père et ta mère, afin que tes jours se prolongent dans le pays que l'Éternel, ton Dieu, te donne.
Pas sûr de ce que ça veut dire. Je me souviens de Bernard, jésuite, nous disant: «Tu honoreras, ce n'est pas tu aimeras.» Ça m'avait soufflée. Tu ne laisseras pas tes parents mourir dans la misère et l'indifférence?

20.13 Tu ne tueras point.

20.14 Tu ne commettras point d'adultère.
Au sens large : tu ne sèmeras pas la zizanie dans un couple constitué.

20.15 Tu ne déroberas point.

20.16 Tu ne porteras point de faux témoignage contre ton prochain.
Au sens large : ne pas médire en fait partie. Tu ne nuiras pas en paroles en persiflant ou déblatérant (sachant que c'est à toi que tu nuis en te faisant une réputation de langue de vipère).

20.17 Tu ne convoiteras point la maison de ton prochain ; tu ne convoiteras point la femme de ton prochain, ni son serviteur, ni sa servante, ni son bœuf, ni son âne, ni aucune chose qui appartienne à ton prochain.
Pour être heureux, chasse l'envie de ton cœur: «la seule raison de regarder dans l'assiette de ton voisin, c'est de t'assurer qu'il a suffisamment à manger.»
Personnellement, en bonne républicaine, j'ajouterais à cela l'étude des fables de La Fontaine.