D'une certaine façon, cette grève est une grève de privilégiés: la grève de ceux qui ont quelque chose à perdre (des privilèges) mais ne risquent pas de perdre leur emploi (emploi à vie).

Evidemment, comme je suis consciente d'être moi-même une privilégiée, je m'abstiens de le dire trop fort, dans des lieux trop fréquentés, par décence, parce que je ne vais pas aller dire ça à des gens au SMIC — même s'ils ont par ailleurs d'autres avantages qu'ils oublient ou dont ils n'ont même pas conscience (CE surpuissant et transports gratuits pour les cheminots, pas de problème de garde d'enfants pour les profs, etc).

Par ailleurs, j'ai l'impression que beaucoup de Français ont une conviction inverse de la mienne: ils sont persuadés que tout le monde autour d'eux est mieux lotis qu'eux, ils sont envieux, remplis de ressentiment.

C'est pourquoi je mets en ligne un extrait de ce document reçu cet été :

Je dois avouer que cela m'a fait un choc. Je n'avais pas conscience qu'il était sérieusement envisagé que j'allais travailler jusqu'à 67 ans. Ce n'est pas que cela me dérange sur le fond (vivre, c'est toujours vivre, il faut bien passer le temps), c'est surtout que j'ai l'impression que les entreprises n'ont pas du tout envie de me conserver tout ce temps-là.