Une amie d'AC devait venir la chercher vers onze heures. En attendant nous avons longuement papoté sur la terrasse, essentiellement API (Application Programming Interface : H. a fait une sorte de formation-imprégnation en une demi-heure), management et conduite de projet.

Tard dans l'après-midi (pour éviter la chaleur) nous avons commencé à monter la tonnelle pour supporter le rosier.



Je ne sais plus exactement ce qui s'est passé. Est-ce pendant le repas que nous avons décidé de déménager? le coup de poignard dans le dos du voisin, après la réelection de Clodong (aussi méchant que NDA mais dans le genre insidieux), le RER D insupportable, le futur Leclerc de la gare qui va tuer définitivement la ville, la meulière éventrée en face de chez nous dont les travaux ne reprennent pas qui laisse présager une revente en catastrophe à un promoteur immobilier, les enfants devenus invisibles, la nécessité de changer de club d'aviron parce que l'actuel ne mènera à rien, le déménagement de P., potentiel futur associé de H., dans le sud de l'Essonne…
Je crois que c'est H. qui a posé la question. J'ai répondu oui comme une évidence. Cette certitude immédiate, sans hésitation, qu'il fallait partir est la preuve que nous avons atteint les limites de l'exaspération. C'est comme un dégoût; il faut fuir, recommencer ailleurs, même si nous sommes trop âgés pour ne pas savoir que nous partons avec nous-mêmes — dont nous ne savons pas si nous sommes le problème ou la solution.

Alors après le repas, sur un coup de tête, nous sommes partis à Coudray-Montceaux: H. voulait voir les bords de Seine qui m'avaient tant plu lors des Culs gelés.

A vrai dire Coudray-Montceaux est très laid, à l'image de ces villages "relais de postes" dans Alexandre Dumas, maisons anciennes alignées le long de la route vers Paris, lotissements construits au fur à mesure qu'à l'inverse Paris déborde. Il n'y a que les bords de Seine qui soient beaux — mais très beaux.
Je lui montre dans la nuit la maison aux volets verts qui me poursuit dans mes rêves.